A l'époque, les FF étaient publiés dans Nova, qui abordait sa transition du petit format historique, au grand format. On pourra dire ce qu'on veut du run de De Falco, mais certainement pas qu'il était ennuyeux. On avait droit chaque mois à des épisodes truffés de sous-trame, et de coups de théâtre à la limite du vraisemblable, mais qui ouvraient des pistes pour les nombreux numéros à venir. La recette était simple : une écriture classique (avec parfois trop de verbiage pontifiant ou de bulles de pensées redondantes), pas mal de marivaudage et de la tension sentimentale (Lyja et Johnny Storm, Ben Grimm qui veut revoir Alicia alors que Sharon Ventura rentre à nouveau dans sa vie, les époux Richards qui se disputent à chaque page...), et de l'action, encore de l'action, impliquant une galerie de personnages attachants, avec de bonnes intuitions, très fonctionnelles (Devos le dévastateur qui veut détruire toutes les formes de vie au nom de la paix galactique, Paibok le skrull , Franklin Richards qui se retrouve propulsé à l'âge adulte, Sharon Ventura devient un monstre hideux...). Au dessin, Tom était aidé par un Paul Ryan vraiment remarquable. Auteur en outre d'une partie du "plot" de départ (il avait son mot à dire quand à l'évolution de l'action), Ryan livre la plupart du temps des planches d'une grande lisibilité, avec des personnages identifiables et une belle minutie dans les détails, sans jamais sauter un épisode ou passer la main pour un fill-un de derrière les fagots. Plusieurs années de fidélité pour une longue saga, un long run qui peut se relire avec trépidation, mais uniquement en Vo et sous forme de single issues, car à ce jour pas d'omnibus, de Tpb qui se suivent et reprennent tous ces épisodes. Bien sur, encore moins besoin d'évoquer la Vf, sauf si vous avez les vieux Nova dans votre collection. C'est ce que j'appelle une histoire sérielle sans complexe, qui ne s'embarrasse pas de singer la réalité, qui s'amuse à s'épanouir et à épater le lecteur comme devraient le faire tous les bons comics qui privilégient l'histoire au détriment des tours de manche d'artistes en mal de reconnaissance. Je vous assure, quand Fatalis serre la main de Reed Richards, et que sur la cover du #381 le "four" est barré, et que s'étalent les mots no more, ça le fait vraiment. Le lecteur adolescent que j'étais alors en garde un excellent souvenir, celui d'une époque où le sens of wonder n'avait pas encore le drapeau en berne, et où on se laissait berner par ce genre de rebondissements improbables.
Ps : Reed resta "mort" pendant suffisamment longtemps pour titiller les lecteurs. Mais promis, je vous parlerai de la suite du Run de DeFalco une prochaine fois. Comme indiqué dans le titre, cet article est juste une "part one". A suivre...