«Les palais de la grande vie se dressent près de nous. Ils sont habités par des rois, là par des mendiants. Thérèse de Lisieux et Marilyn Monroe. Marceline Desbordes-Valmore et Kierkegaard. Un merle, un geai et quelques accidents lumineux. La grande vie prend soin de nous quand nous ne savons plus rien. Elle nous écrit des lettres.»
J’ai souvent entendu parler de Christian Bobin, auteur révélé au monde des lettres en 1991, avec une petite robe de fête, premier succès de cet écrivain discret et fuyant la sphère lmondaine et e milieu littéraire comme sa peste.
Je savais que les livres de Bobin dégagent leurs petites musique bien à elle, entre prose et poésie, mais jusqu’à présent je n’avais pas eu l’occasion de lire un de ses ouvrages.
C’est désormais chose faite avec son dernier livre à ce jour, la grande vie paru l’an dernier dans la collection Blanche de Gallimard.
"La grande vie" n’est pas à proprement parler un roman, ni même un récit, plutôt un receuil de réflexions intimes, souvent sous formes de lettres dans lequel Christian Bobin nous dit son amour pour la vie et pour la nature.
L’auteur s’adresse ainsi notamment à un merle et même une marguerite et nous fait partager sa union avec la nature, au cœur d’une forêt, « quand du haut d’un sapin éclate le chant de l’oiseau ». Lire la grande vie, c’est un peu comme si on partait faire une balade bucolique au gré des paysages et des saisons
Mais Bobin ne parle pas que nature, il dit aussi dans ce court récitson admiration pour des hommes et des femmes célèbres, tels que les illustres poétesses Marceline Desbordes-Valmore ou Emily Dickinsonou bien encore le grand écrivain allemand du 20ème siècle Ernst Jünger.
On pourra toujours tiquer sur des relents un peu passéistes de l’auteur, et notamment lorsqu’il déplore la disparition de la lettre, dont il impute la responsabilité aux réseaux sociaux, mais il fait ce constat avec une telle beauté et une telle poésie « Une lettre manuscrite c’est un visage gravé dans la pierre tendre du papier… » qu’on ne pourra qu’être ému par cette déclaration.
Plus généralement, Christian Bobin avoue sa totale addiction aux livres, « secrets échangés dans la nuit », qui « agissent même quand ils sont fermés », et sa passion de l’écriture.
La grande vie prend soin de boucler la boucle et se clôt comme elle l’a commencé, par un hymne à la poésie, « plus précieuse que la vie ».
Un livre à la gloire de la nature et de la littérature, sincèrement, comment pourrait on bouder son plaisir de lecteur ?