Difficile de choisir son itinéraire dans un pays “peu connu” comme la Birmanie: des guides touristiques qui ne couvrent qu’une petite partie de la Birmanie, une situation politique et “touristique” qui évolue de mois en mois, et la difficulté – qui est aussi l’une des raisons d’aller en Birmanie – que parce que peu connu ce pays est moins noté que les autre, moins clairement situé dans la grande échelle du tourisme. Peu d’informations, en somme, et souvent contradictoires ou obsolètes.
Quand je suis allé en Birmanie, en février 2014, j’avais avec moi le Lonely Planet 2013 (mal hiérarchisé comme toujours et souvent obsolète) et le Routard 2014 (plus récent mais peu développé en dehors des grands lieux touristiques). J’ai donc passé un certain nombre d’heures sur les forums en ligne (thorntree, voyageforum, etc.) pour me faire une idée (i) des lieux vraiment à voir (et ceux qu’on peut sauter) et (ii) des itinéraires réalistes en deux semaines. Les infos sur ces sites sont en général concordantes et m’ont donné une appréciation assez pertinente de la réalité (plus que les guides, en tous cas, qui m’ont principalement servi à me repérer sur les sites et à choisir mes hôtels et mes restaus).
Voici donc quelques éléments sur les plus belles choses à voir sur place. Depuis février/mars 2014, la situation en Birmanie a probablement continué d’évoluer rapidement; cela dit je pense que les remarques ci-dessous restent valables.
Pour la faire courte:- il y a 2 grands lieux “touristiques” en Birmanie (les pagodes de Bagan et le lac Inle), “touristique” voulant dire qu’il faut faire cent mètres pour échapper aux groupes; c’est vraiment très beau, difficile de faire l’impasse.
- contrairement à ce que les guides « anciens » annoncent, il ne faut pas stresser sur d’éventuels problèmes: il y a des distributeurs automatiques sur les grands sites de Birmanie, les bus sont confortables sur les grands axes, la chaleur est très supportable (jusqu’en mars en tous cas), il n’y a pas de problèmes de sécurité dans les régions ouvertes au tourisme… Le seul point un peu ennuyeux parfois est de trouver un hôtel avec une chambre de libre, mais au pire ça prend une heure.
- une fois « checkés » les incontournables, tout le reste de la Birmanie se vaut en termes de dépaysement, d’authenticité, d’hospitalité, etc. Il faut bien faire un choix (le Nord, l’Ouest, le Sud-Est, le Sud…) mais il n’y a pas de mauvais choix.
Une semaine: les incontournables
Il y a trois lieux en Birmanie qu’il est difficile à un touriste de ne pas voir, et s’ils sont ceux avec “la plus grande densité de touristes” dans le pays, ils restent infiniment plus tranquilles et mieux préservés que leurs “concurrents” dans d’autres pays d’Asie. S’ils sont les lieux les plus touristiques de Birmanie, tous offrent de grands espaces sans touristes (il suffit de faire quelques centaines de mètres pour se retrouver parmi les temples, les arbres ou les Birmans).
Les pagodes de Bagan
Sur une plaine en bordure du fleuve, des milliers de pagodes ocres semées dans la chaleur du jour; les cars de touristes restent concentrés sur quelques pyramides et, en louant un vélo ou un vélo électrique, on passe des heures à explorer ce mélange de nature et d’art pieux. C’est aussi un endroit pour acheter de belles pièces d’artisanat birman. J’ai passé deux jours à Bagan (un jour n’est pas assez, trois jours se justifient aussi pour ceux qui ont du temps).
Le lac Inle
Un écosystème formé par le lac Inle, ceux qui y pêchent et ceux qui y cultivent des potagers flottants; c’est un bon endroit pour faire une pause – pour ne pas dire le seul en Birmanie (il y a quelques beaux hôtels sur le lac même). A part ne rien faire, l’activité de base est un tour en bateau sur le lac, qui prend la journée, et passe en revue une série d’ateliers d’artisanat. Tous les petits bateaux font plus ou moins le même tour. C’est fascinant de voir au travail, sans électricité, les joailliers, les forgerons, les sculpteurs de pirogues… De beaux objets à acheter, mais les prix reflètent la densité de touristes. Je suis resté une journée seulement; pour une deuxième journée, possible de faire une partie du tour du lac en vélo (il y a des vignobles qui se visitent, sur les coteaux des montagnes attenantes).
Mandalay
Rien de fou dans la ville même, mais un concentré d’histoire pour ceux qui aiment ça, avec une brochette de villes impériales dans le coin, et le magnifique pont U-Thein. J’y suis resté deux jours: le premier pour faire le tour de la ville, le second pour explorer les environs. En une seule journée, privilégiez les environs, en louant un scooter (pont U-Thein et une ou deux capitales impériales). Une deuxième bonne raison de venir à Mandalay est de prendre le ferry qui descend le fleuve jusqu’à Bagan en une journée; c’est conseillé dans tous les guides et cela vaut vraiment le coup. Il faut se renseigner à l’avance car le tarif dépend des jours; le bateau le plus sympa (= pas cher et pris par les Birmans) ne descend qu’une fois par semaine (j’ai donc pris à regret celui pour touristes…).
Voir ces trois lieux prend déjà une semaine: une journée ou deux pour Mandalay, une journée pour la descente sur Bagan en bateau, deux jours à Bagan, avion pour le lac Inle (ou un jour de bus), deux jours sur le lac: voilà qui fait une semaine…Dix jours ou deux semaines: l'authenticité de l'arrière-pays
Si les “incontournables” sont véritablement magnifiques, c’est dans le reste de la Birmanie que j’ai vécu la plus belle expérience: un pays préservé du tourisme de masse, extrêmement accueillant, aux paysages variés et parfois à couper le souffle.
Une randonnée de quelques jours
C’est l’option la plus directe pour s’immerger dans l’arrière-pays birman. La randonnée la plus populaire (que font 80% de ceux qui ont le Lonely planet, c’est-à-dire de tous ceux qui viennent…) part de Kalaw et va, en deux jours et demi de marche modérée, jusqu’au lac Inle. Elle peut s’organiser la veille au soir en arrivant au village de Kalaw (plusieurs agences familiales proposent des prestations et itinéraires équivalents); elle se fait par petits groupes de six, en dormant chez l’habitant. Les distances sont assez courtes, le dénivelé est faible et toute personne en bonne condition physique peut le faire sans problème (la principale difficulté est la chaleur). Une autre option (que je n’ai pas faite, mais j’ai entendu des retours très favorables) est dans la région de Pyin-U-Lwin à une demi journée de train/bus au Nord-Est de Mandalay. C’est plutôt ce que je choisirais si je devais refaire mon voyage: ça a l’air un peu plus aventurier et tout aussi beau.
Le Sud-Est (Hpa-An)
Mon coup de cœur en Birmanie. Il y a deux-trois trucs à voir près de Moulmein (la ville qui contemple l’estuaire du fleuve Salween et où Kipling a été stationné), mais ce sont les alentours de Hpa-An qui sont positivement sublimes. C’était la fin de mon voyage et je n’ai pu y passer que deux jours (plus un à Moulmein), mais si j’avais su j’aurais prévu plus de temps. Hpa-An est dans une région de pics karstiques (un peu comme les images de rizières du centre-Sud de la Chine ou la baie d’Along au Vietnam), totalement préservée. Il suffit de louer un scooter et c’est la découverte pure dans des paysages à couper le souffle. J’ai particulièrement aimé l’ascension du mont Zwe-gai-bin (le plus haut des pics), au sommet duquel on peut dormir dans un monastère, parmi des familles birmanes (c’est gratuit, il y a un petit restaurant végétarien dans le monastère, la montée est raide et dure 1h30-2h) ; c’était une expérience bouleversante. Le trajet en bateau de Moulmein à Hpa-An est lui aussi magnifique (départ tous les jours s’il y a au moins 3 personnes).
Rangoun
Ce n’est pas l’arrière-pays, mais c’est une autre forme d’authenticité. Une journée suffit (sauf si vous avez du temps à revendre). Il y a une pagode impressionnante à voir (la pagode Shwe-Dagon), mais surtout une atmosphère particulière à goûter: un mélange de ruines britanniques, de vacarme moderne, et de mélange ethnique.
28 jours: loin des sentiers battus
Je ne suis resté pour ma part que deux semaines pleines en Birmanie. Mais si j’avais eu la totalité des 28 jours de visa devant moi j’aurais d’abord pris un peu plus de temps dans chaque endroit et fait une randonnée dans la région de Pyin-U-Lwin. Deux autres endroits en particulier nécessitent du temps et m’ont été décrits comme magnifiques par des voyageurs que j’ai croisés.
La région de Mrauk-U (dans l’Arakan, à la frontière indienne) se visite en une semaine, difficilement accessible et parfois déconseillée aux voyageurs (en raison des tensions ethniques avec les Rohingas); au programme: de longs trajets, du bateau, de belles ruines, des ethnies non encore birmanisées. La pointe Sud de la Birmanie longe la Thaïlande sur quelques centaines de kilomètres de plages qui n’ont pas encore été colonisées par les flots de touristes; j’imagine qu’elles resteront préservées encore quelques temps, malgré l’ouverture de points de passage entre la Thaïlande et la Birmanie.
Mon itinéraire
Pour finir, voici jour par jour l’itinéraire que j’ai suiv en Birmaniei:
Jour 1: vol Paris-Rangoun
Jour 2: balade dans Rangoun et visite de quelques temples; bus de nuit pour Mandalay
Jours 3-4: visite en scooter de Mandalay puis des environs
Jour 5: ferry pour Bagan
Jour 6-7: balades en vélo sur le site de Bagan
Jour 8: bus pour Kalaw
Jours 9-10-11: randonnée vers le lac Inle
Jour 12: balade en bateau sur le lac Inle; bus de nuit (très très long…) pour Moulmein en deux tronçons avec correspondance
Jour 13: visite de Moulmein et des environs en scooter
Jour 14: remontée en bateau de Moulmein vers Hpan-An
Jours 15-16: balades en scooter dans les environs de Hpa-An; nuit au sommet du mont Zwe-gai-bin
Jour 17: bus pour Rangoun et vol pour Paris