Un film de Clint Eastwood (2010 - USA) avec Morgan Freeman, Matt Damon, Tony Kgoroge, Patrick Mofokeng
Très belle histoire mais film un peu boy-scout.
L'histoire : Nelson Mandela, après trente ans de prison, accède au pouvoir suprême, la présidence de l'Afrique du Sud. Il rêve de voir blancs et noirs unis par le même amour de leur pays et abandonner définitivement les préjugés racistes et les discriminations. Et quoi de mieux que le sport pour fédérer un peuple ? A la veille de la Coupe du Monde de rugby, Mandela décide de mettre en avant l'équipe nationale, de la faire aimer, de la faire gagner. Ce ne sera pas chose facile, à bien des égards...
Mon avis : L'histoire est magnifique, le personnage aussi. Mandela est un héros, un symbole universel, un être exceptionnel comme il nous en faudrait tant d'autres pour élever nos âmes de brutes. Cependant, si on ne peut qu'admirer le parcours incroyable de cet homme, son pacifisme, sa compassion, qui le fit admirer par le monde entier... on peut pourtant reprocher à Clint d'en faire un peu trop et de tomber dans une hagiographie qui frôle parfois la mièvrerie. Et que je te demande comment va ta femme, et que je t'offre des caramels, et que je m'extasie devant ton talent, et que je trouve toujours le bon mot en chaque circonstance... c'est agaçant. Ca en devient louche ! Tinakiller, qui s'amuse de mes "fantasmes", sera enchantée d'apprendre que j'ai eu un patron comme ça, hyper mielleux... et derrière, il nous faisait les pires embrouilles ! Je ne sais pas si Mandela était mielleux par pure gentillesse, ou s'il était un peu pervers comme mon patron... Enfin bref.
Loin de moi l'idée de minimiser l'action et l'intelligence du saint homme mais - que je sache - rien n'est encore réglé en Afrique du Sud, les noirs sont toujours dans les bidonvilles et les blancs dans de riches demeures, barricadées derrière des cordons sécuritaires. Même si la société a un peu évolué (pas beaucoup plus que dans n'importe quel autre pays), on est loin, très loin de l'égalité. Mandela a essayé, et c'est tout à son honneur. Cette situation n'est d'ailleurs pas propre à la seule Afrique du Sud... Balayons devant notre porte. Des Nelson Mandela, on en connaît un par siècle, pour la planète entière. Il en faudrait tellement plus pour changer le monde...
Le film, lent, pas très dynamique, m'a donc un peu déçue, et sur le fond, et sur la forme.
Mais le sujet est fort, Morgan Freeman admirable, et ce genre d'histoire doit continuer d'être rabaché, répété, martelé, dans la tête des gens pour qu'ils comprennent un jour que la bonté est mille fois plus productive que la haine (sauf si - comme mon patron - c'est juste pour faire genre... ah ah ah !).
Alors merci à Clint, boy-scout américain dans toute sa splendeur, pour l'essai... mais c'est un peu trop démonstratif, tout ça. Ah mon Clint, qu'est-ce que je t'aime, pourtant.
La critique presse est d'une ferveur religieuse. Je citerai seulement Le Journal du Dimanche, pour donner le ton : "Clint Eastwood (...) signe un film émotionnellement étourdissant, où l'action va crescendo jusqu'à nous arracher les larmes." Clint, Morgan, Mandela... la sainte Trinité les a cueillis comme des fruits mûrs, on dirait. Pour ma part, je me rangerais plutôt du côté de Brazil : "Invictus est un beau film de propagande pour le sport, pour l'Afrique du Sud, pour Nelson Mandela, pour la Coupe du Monde de Football 2010. Mais au pays des Bisounours."
Pour le public, même adoration. On dirait que désormais chaque oeuvre de Clint doit être qualifiée de chef d'oeuvre.
Mais Clint est un être humain. Il ne fait pas forcément QUE des chefs d'oeuvre.
Ceci dit, le film est assez bon. Ne serait-ce qu'historiquement, c'est un épisode à connaître.
Bon... vais-je me prendre une nouvelle volée de bois verts par mes chers confrères et soeurs blogueurs ?