Loi Macron : la barbarie qui vient

La politique habituelle reprend ses droits après la parenthèse douloureuse de la semaine marquée par les crimes de fanatiques.

Le projet de loi Macron a commencé à être examiné par l'Assemblée Nationale. Il ressort des premiers débats que le gouvernement aura du mal à le faire voter en l'état tant les députés d'EELV et les socialistes frondeurs ne semblent pas vouloir se compromettre dans des compromis de façade en échange d'une abstention ou, pire, d'un vote favorable. Le Front de gauche, quant à lui, votera contre. Il se pourrait que le gouvernement Valls bénéficie du soutien d'une partie des députés issus des rangs du centre et de la droite.

Quoi de plus normal ? La droite et le centre, amis naturels du grand patronat et fervents propagandistes du capitalisme néolibéral, devraient pouvoir s'entendre avec leurs nouveaux amis socialistes. L'enjeu n'est-il pas d'exploiter plus encore les travailleurs ? Le chômage de masse, organisé via la mondialisation, offre des opportunités sans commune mesure de profits et d'exploitation sociale.

A la lecture du supplément du dernier numéro de L'Humanité Dimanche (illustré par Charb), c'est peu de conclure que de la réforme du conseil des prud'hommes à celle des licenciements collectifs, de la dépénalisation du délit d'entrave aux liaisons en autocars pour laisser s'envoler les prix du chemin de fer, de la généralisation du travail dominical et du travail de nuit à la destruction de la médecine du travail, le projet de loi Macron est une attaque sans précédent contre les classes populaires et moyennes.

Dans une interview au magasine Elle, Fatima-Ezzahra Benomar, la secrétaire générale de l’association Les EfFRONTé-e-s considère que le projet de Macron va notamment aggraver la précarité des femmes :

« A titre d’exemple, 80% des caissières sont des femmes qui, le plus souvent, travaillent à temps partiel, en étant payées au lance-pierre. Elles sont en première ligne pour subir les conséquences de l’ouverture des commerces le dimanche. Comment feront les mères célibataires qui devront en plus trouver un mode de garde le dimanche ? Trouver une place en crèche la semaine est déjà si compliqué ! »

On ne peut qu'en déduire que le projet de loi Macron ne va pas non plus faciliter la vie des familles populaires, en particulier celle des familles monoparentales en situation de précarité.

Rien n'est prévu pour apporter de la stabilité sociale à celles et ceux qui en ont le plus besoin : Macron et consorts laissent le marché casser le lien social.

Par conséquent, il y a fort à craindre, à l'avenir, qu'un nombre plus important de parents soient contraints d'accepter des boulots aux horaires atypiques et de laisser leurs enfants seuls chez eux (sans surveillance, sans protection familiale, et au bout du bout, dans la rue), des personnels de l'éducation nationale et des services sociaux - sans aucune reconnaissance - encore plus palier aux défaillances sociales et familiales, plus de jeunes abandonnés dans la précarité sociale, parfois désocialisés, et dont certains, à l'instar des frères Kouachi, deviendront de potentielles recrues pour les mouvements de fanatiques...

Bref, la loi Macron enfantera non seulement plus d'injustice sociale, mais aussi plus de barbarie...