J'ouvrais ce récit avec la plus grande circonspection : la vie d'une New Yorkaise dans les années 90 étant un sujet pour le moins rabattu et la touche " Salinger " ne soulevait pas l'enthousiasme qu'elle était sensée générer - n'en ayant lu que l'Attrape-Cœurs et encore sans conviction.
Pourtant dès la 2 ème page, j'étais mordue et je lus d'une traite ce récitde Joanna Krakoff sur son année dans le monde de l'édition, au cœur d'une agence littéraire chargée de représenter entre autres, Salinger.
La plongée dans le monde littéraire et l'équivalent new-yorkais du gratin " germano-pratin " s'avère passionnante : on les découvre sous l'angle de cette agence d'auteurs qui vit comme hors du temps tiraillée ses associés réticents à toute nouvelle technologie (PC, scanners ...) et une nouvelle garde friande de contrats à enchères, de publicité, de marketing des auteurs, de mode de rémunération plus audacieux.
Le sel du récit provient surtout d'un triptyque intéressant autour de Joanna, la narratrice : sa boss (dont on ne sait jamais le nom), que Joanna dépeint tour à tour avec admiration, pitié, incompréhension, dédain et avec qui la relation ambivalente rappelle bien les relations professionnelles en général ; et enfin Salinger, " Jerry ", l'auteur reclus qui ne communique qu'à travers l'agence. Leurs relations à tous les trois évoluent de façon surprenante au fil du récit, emportées par l'actualité plus ou moins heureuse de chacun des trois personnages.
En parallèle, c'est un retour au New York des années 90's - plus "Girls " que " Sex and the City ", plus Brooklyn que Manhattan,pour suivre Joanna dans sa vie quotidienne avec Don, son petit ami aspirant écrivain et leurs amis aux perspectives incertaines.
On ne lâche pas le récit, captivé par l'histoire ordinaire du monde littéraire tellement bien racontée par Joanna Krakoff.
Mon année Salinger, de Joanna Reed Krakoff chez Albin Michel