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Des manifestations organisées dans plusieurs grandes villes du continent africain ont dégénéré. Entre 2.000 et 3.000 personnes étaient réunies vendredi à Alger pour dénoncer la Une du dernier numéro de Charlie Hebdo, qui présente le prophète Mahomet la larme à l'œil, tenant un panneau "Je suis Charlie". Dans le cortège de la manifestation algérienne, on pouvait lire a contrario des pancartes "Nous sommes tous des Mahomet" et entendre parfois scander des louages aux frères Kouachi. C'est lorsque les manifestants, pressés de se rendre aux abords de l'Assemblée, en ont été empêchés par les forces anti-émeutes, que des débordements ont éclaté, faisant quelques blessés. Ces événements constituaient pour un certain nombre de groupuscules extrémistes l'occasion de revendiquer l'instauration d'un État islamique en Algérie. On se remémore la terrible guerre civile des années 90 qui opposait le gouvernement algérien au Front islamique du Salut.
D'autres rassemblements anti-Charlie ont eu lieu au Mali, en Jordanie et au Pakistan. Mais le soulèvement le plus dramatique était à Zinder, la deuxième ville du Niger. Mouhamadaou Issoufou, le président du Niger, qui était présent dimanche dernier lors de la marche républicaine à Paris, avait choisi d'interdire la distribution du dernier numéro de Charlie Hebdo. Après la prière du vendredi, une foule a envahi le centre-ville de Zinder, au cri de Allah Akbar, pour protester contre les nouvelles caricatures du prophète Mahomet. La violence a été rapidement de mise, avec des pneus enflammés, des jets de bouteille et de blocs de pierre. Le centre culturel français a été incendié. Des manifestants armés ont échangé des tirs avec les forces de l'ordre, faisant 4 victimes et plus de 45 blessés.
En somme, les autorités de bon nombre de pays du monde arabo-musulman, qui avaient dénoncé avec fermeté l'attentat contre Charlie Hebdo, condamnent aujourd'hui la publication de nouvelles caricatures au motif que cela attise la haine, la colère et la révolte. Le démantèlement in extremis d'un projet d'attentat terroriste en Belgique nous alerte sur l'omniprésence de la menace de représailles. Le dilemme qu'avait feu le dessinateur Charb sur l'opportunité d'arrêter par sécurité ou de poursuivre au nom de la liberté d'expression est donc toujours d'actualité.