Une exposition se termine au CRAC Alsace. Mais a-t-elle seulement commencé ? Animal que no existeix est un animal qui n'existe pas. Animal que no existeix est une exposition insaisissable, dont les œuvres nous échappent. L'artiste, Daniel Steegmann Mangrané, nous fixe dans un état transitoire, nous emprisonne dans le changement. Nous sommes coincés dans un lieu de passage, où une chose n'en est plus une, mais n'en est pas encore devenue une autre.
Vues de l'exposition. Photos : O.C.
Ainsi lorsque nous entrons dans cette pièce baignée d'une lumière bleue si dense qu'elle semble opaque, tangible, notre cerveau finit par s'adapter. La couleur si vive au départ semble alors s'estomper et les murs recouvrer leur blanc originel, tandis que l'extérieur nous paraît soudain imprégné de rose. Pourtant rien n'a changé autour de nous. Ici l’œuvre ne se trouve pas devant nos yeux, mais son processus se déclenche en nous même.
Vue de l'exposition. Photo : O.C.
Durant notre parcours, le corps doit s'adapter, à la manière de ces phasmes que l'on voit dans la vidéo Phasmide évoluer au sein d'un environnement géométrique complexe. Car l'artiste aime confronter la nature, l'organique, à la géométrie, à la technologie. Par exemple en créant de petites sculptures avec des brindilles et du fil de fer, en dessinant des cercles sur une feuille d'arbre traversés par la lumière d'un rétroprojecteur, en noyant une branche dans une composition géométrique trompe l’œil, ou en perçant de grands rideaux en chaînes métalliques avec des formes organiques.
Vues de l'exposition. Photos : O.C.
Rideaux qui nous conduisent à la notion d'espace, ici très ambiguë. Frontière ou lieu de passage ? Ces grands rideaux n'obstruent pas la vue et sont largement troués par ces formes que nous venons d'évoquer, de sorte que les deux espaces qu'ils sont censés délimiter communiquent bel et bien. Le même phénomène se produit dans l'installation Medium Lemon/Summer Blue, où les espaces de couleurs différentes mais translucides se fondent l'un dans l'autre, sans oublier ce cercle percé dans l'une des fenêtres qui laisse « entrer l'extérieur ». Enfin, Kiti Ka'até, illustre parfaitement ce propos. Pour cette œuvre, l'artiste a percé un épais mur du CRAC et a combler le trou par un fin collage qui d'un côté représente une forêt, de l'autre des formes géométriques dessinées par la lumière naturelle qui traverse le papier. Ainsi, la rencontre entre les deux espaces active des phénomènes à la manière d'une réaction chimique.
Vues de l'exposition. Photos :O.C.
Il est donc beaucoup question d'espaces communicants, d'effets d'optique, de phénomènes visuels, activés par la lumière. Une exposition se termine au CRAC Alsace....dimanche, en présence de l'artiste, qui pour l'occasion vous servira des cocktails qui n'existent pas.
Infos pratiques :
Animal que no existeix
CRAC Alsace Altkirch
FINISSAGE LE DIMANCHE 18 JANVIER A 16H30
Entrée libre