Lola Bensky de Lily Brett, Penguin 2012
Lola Bensky traduit par Bernard Cohen, La grande ourse 2014
En novembre dernier, Lily Brett (& Bernard Cohen) a reçu le prix Médicis étranger pour son roman Lola Bensky, que je me suis donc empressée de lire pendant les vacances. Lily Brett est une romancière australienne qui vit depuis plusieurs années à New York. Elle a publié de nombreux romans, mais celui-ci est le premier à être traduit en français.
Résumé de l’éditeur:
Le nouveau roman de Lily Brett, très autobiographique, raconte l’histoire captivante et drôle d’une jeune journaliste de rock un peu naïve qui, lorsqu’elle n’interviewe pas Mick Jagger ou Jimi Hendrix, pense au prochain régime alimentaire qu’elle va suivre.
C’est un émouvant hommage à tous ces génies du rock des années 60 et 70 qui ont marqué la mémoire collective de sonorités indélébiles. Mais c’est surtout un destin : celui d’une femme, fille de rescapés de la Shoah, qui se bat contre ses fantômes avec humour, tendresse et générosité.
Lola Bensky est le double de Lily Brett. Elle est née en Allemagne en 1946 dans un camp de réfugiés. Ses parents ont à l’holocauste et à Auschwitz mais ont perdu toute leur famille. Ils ont immigré quelques années plus tard pour l’Australie où ils ont pu recommencer leur vie, mais les souvenirs ne cessent de les hanter. La position de Lola n’est pas simple. Sa mère la culpabilise parce qu’elle est grosse, et dans les camps, les gens gros étaient suspects, En effet, ils obtenaient un régime de faveur de la part des nazis en leur rendant des services. Lola culpabilise aussi de sa vie facile et de cette société libre et démocratique dans laquelle elle a grandi. Plus Lola vieillit, plus les histoires que ses parents lui racontaient sur les camps l’angoisse, elle devient agoraphobe, hypocondriaque et souffre de crises de panique.
Le roman commence lorsque Lola a 20 ans, et qu’elle interview les plus grandes vedettes du rock. Au cours de ses entretiens, elle raconte certaines atrocités que ses parents ont vécu ou desquelles ils ont été témoins pendant leur détention dans les camps. Mais ses souvenirs sont entrecoupés de réflexions complètement naïves et rafraîchissantes sur les faux cils sertis de brillants qu’elle a prêtés à Cher et qu’elle ne lui a jamais rendus, sur son prochain régime, ou sur les stars qu’elle rencontre.
[Les va-et-vient] composent le tableau intime, divertissant et névrosé d’un monde où tout est possible, le pire et le meilleur, un monde qui passe en quatrième vitesse des camps d’extermination aux expériences des sixties, désir en avant et mort aux trousses. Libération, Philipe Lançon 7 mai 2014
Je ne peux pas commenter sur la traduction de Bernard Cohen parce que j’ai lu le livre en anglais, mais je me pense qu’il doit se sentir pas mal fier de sa traduction et de ce prix. Quelle consécration pour un traducteur, plus habitué à être oublié que mis en avant ! Dans le monde de la traduction, un vieux débat persiste: quand on lit une traduction, apprécie-t-on les mots de l’auteur ou de son traducteur ? Pour en savoir plus sur le sujet du Traduttore-traditore (traducteur-traître), retournez le post de Bernard Cohen sur le blog de l’Obs.
Je vous laisse découvrir ce superbe roman que je ne saurais trop vous recommander.
posté le 03 avril à 21:00
Bonjour Angggel, En tant qu'éditrice du roman "Lola Bensky", j'ai été très heureuse de lire votre chronique de ce roman. Merci beaucoup ! J'aimerais bien avoir votre email pour vous tenir au courant de nos parutions… Me le communiqueriez-vous, par hasard ? Mon mail est [email protected] A bientôt, Paulina