Pour sa douzième exposition de collection privée,
la maison rouge invite le Français Bruno Decharme à présenter, avec un regard contemporain, son exceptionnelle collection d’art brut.
l'exposition se termine le 18 janvier
Devenu un phénomène de mode ces dernières années, en France et dans le monde, avec un marché qui s’emballe, des foires et des galeries spécialisées plus nombreuses, des expositions d’art contemporain qui intègrent des œuvres d’art brut comme notamment la dernière Biennale de Venise (commissaire Massimiliano Gioni), l’art brut questionne. La maison rouge présente régulièrement au public des œuvres de ce corpus de l’art; Antoine de Galbert, son président le collectionne.
"Depuis sa création en 2004, nous cherchons à établir des ponts entre les différents champs de la création, proposant des expositions, qui mêlent art brut et art contemporain:
La collection d’art brut d’Arnulf Rainer,
Les inspirés, Elmar Trenkwalder et Augustin Lesage
ou, qui revisitent des œuvres majeures comme celles de Louis Soutter
ou Henry Darger.
Il nous a semblé que le moment était venu dans le cycle dédié aux collections privéesde porter notre attention sur la plus importante collection privée d’art brut au monde."
Depuis plus de trente ans, Bruno Decharme (vidéo) assemble sa collection. Celle-ci compte aujourd’hui 3 500 pièces, recense 300 artistes du milieu du XIXe siècle à nos jours. Elle réunit des œuvres de nombreux pays, produites dans un cadre asilaire ou dans la solitude des villes et des campagnes, des productions dites médiumniques et des objets populaires qui échappent à la norme des traditions. Cet ensemble prolonge les collections et recherches de précurseurs psychiatres comme Hans Prinzhorn, d’artistes et écrivains comme André Breton, autant de travaux que Jean Dubuffet a théorisés en 1945 sous le concept d’art brut
En déplaçant ces créations vers le champ de l’art, Dubuffet opère un changement de paradigme radical qui invite à modifier notre façon de penser l’art.
Ces artistes créent le plus souvent avec une intention tout autre que celle de produire de l’art: messages à Dieu, accomplissement d’une mission, communication avec des esprits, talismans de protection, etc.
À travers leurs visions, qui peuvent être qualifiées de délirantes, chacun d’entre eux touche une forme de savoir qui fait écho aux questions fondamentales communes à tous:
«qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons-nous?»
Pour autant, ils ne participent à aucune filiation artistique; autodictates, souvent isolés, ils ne se connaissent pas et ne forment donc aucune école idéologique ou stylistique.
La démarche de Bruno Decharme s’inscrit dans le cadre d’un projet global, celui de collectionneur et de cinéaste de métier, mais également celui de fondateur de l’association abcd qui ouvre sa collection au public en 1999.
abcd (art brut connaissance & diffusion), animée par Barbara Safarova, est un pôle de recherche, dont les travaux prennent corps à travers des publications, des séminaires, des expositions et la production de films. L’exposition présente toutes ces facettes. L’exposition, dont le commissariat est assuré par Bruno Decharme et Antoine de Galbert réunit une sélection d’environ 400 œuvres (dessins, peintures, sculptures, photographies, assemblages...) de 200 artistes.
Présentée dans tous les espaces de la fondation, elle dessine un parcours qui fait l’objet de différentes étapes: mots-clés, thèmes agencés de façon subjective, mais tous liés par des questionnements dont le contenu est universel.
Surviennt ainsi des juxtapositions inattendues, loin de la division classique qui a cours quand on parle d’art brut: les fous, les médiums, les marginaux, et qui ne concerne que le statut des auteurs.
En proie aux désordres du monde et à toutes sortes de difficultés de la vie, les artistes de l’art brut nous donnent à voir l’acte de créer dans sa littéralité.
Ces œuvres représentent autant de réponses à la question: que veut dire être sur cette terre. Cette exposition est en quelque sorte la métaphore d’un voyage qui nous conduit de la genèse de la vie – à l’origine, le chaos – à une forme d’extase, «un savoir supérieur» délivré par ces artistes d’un genre particulier dont certains ont le dessein de sauver le monde.
je remercie les Editions Séguier pour l'envoi de son livre :
La Folie de l'Art Brut, dont l'auteur est Roxana Azimi