Un climat délétère

Des synagogues et des mosquées attaquées, un professeur suspendu administrativement coupable d'avoir montré à ses élèves un dessin de Charlie Hebdo, une #jesuischarlie, Femen en l'occurrence, qui brûle un exemplaire du Coran ou des autorités religieuses de toutes obédiences qui s'indignent de la dernière Une de Charlie Hebdo, des réseaux sociaux qui s'enflamment, des politiciens de droite qui réclament un Patriot Act, Valls qui parle de guerre, et le FN de peine de mort...

Tout ça m'interpelle.

Plus jeune, spéciale dédicace à la Femen susnommée, je me souviens d'un prof qui avait cité cette phrase prémonitoire de Heinrich Heine :

« Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes »

A priori, après la stupéfaction, la manifestation et le recueillement de la semaine dernière, ce n'est pas la parole qui se libère mais la passion.

Certaines personnes semblent avoir basculé. Peut-être même certaines autorités publiques...

Il semblerait que la nuance dans le débat public a du mal à être acceptée et entendue...

En un sens, ce serait une victoire pour les terroristes.

Est-il possible de critiquer et de caricaturer une religion sans être qualifié de raciste antichrétien, antisémite ou islamophobe ? Et je précise, quand cette dernière n'est pas un appel à la haine et à la violence.

Peut-on encore défendre à la fois le droit des peuples israéliens et palestiniens à disposer chacun de leur propre État et de leur propre territoire pour vivre décemment en paix, sans être taxé de sioniste ou d'antisémite ?

Peut-on souligner que l'emploi du mot "musulmans" est terriblement réducteur, tant le rapport à l'Islam peut différer d'un croyant à l'autre, tant il existe aussi des "chapelles" dans cette religion à l'instar du catholicisme, tant "les musulmans" ne peuvent être également réduits à une supposée origine ethnique ou régionale, tant enfin un être humain ne se définit pas exclusivement à ses croyances religieuses ?

Peut-on enfin affirmer qu'en matière de terrorisme, à l'instar du capitalisme, une très très infime minorité terrorise la majorité des croyants (et incroyants), et qu'en dernier ressort, les terroristes ne font qu'instrumenter la religion (l'Islam) pour légitimer leurs actions barbares, recruter et étendre leur pouvoir et leur domination sur les autres ?

Désolé d'avoir enfoncé des portes ouvertes...

Mais, il me semble que le débat politique ne cesse de dériver en prenant une coloration identitaire qui omet toute critique d'un système capitalisme mondial dont les inégalités ne cessent de s'aggraver et de diviser les peuples, et probablement de fabriquer de nouveaux terroristes et bien plus encore de victimes.