Les façades s'effritent, mais dans le plus humble rio se glisse, à une certaine heure qu'il faut surprendre, un soleil qui biaise heureusement avec la misère. Et la misère dorée, ce n'est déjà plus la vraie misère. Les odeurs tristes d'une eau glauque invitent à des fêtes mélancoliques, à des retours au passé glorieux. C'est Venise la secrète, la pouilleuse, toute proche d'une autre où la vie a gardé ses droits, des fleurs aux balcons, des ponts aériens, des flaques de lumière. De grands pans de ciel se reflètent dans l'eau... Michel Déon, de l'Académie Française. Venise que j'aime...