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Les mots qu’on ne me dit pas de Véronique Poulain

Par Deedoux
Véronique Poulain
Toutes noires ou toutes blanches. Voilà ce qu’on pourrait dire des critiques qu’a eu ce très court texte.
On aime ou on n’aime pas, on trouve ça démago,  condescendant ou génial.
Mouais.
Pas sûre de pouvoir être si certaine et tranchée sur mon propre avis.
Il y a quelques temps que j’ai été piégée par ma curiosité , à y réfléchir et après voir vu le fameux film La famille Bélier qui a fait tant parlé de lui, je peux dire que j’ai aimé ce livre.
N’ayant aucun malentendant, personne atteinte de surdité ou parlant la langue des signes autour de moi, ce texte m’a happée et emportée dans un univers quasi-inconnu. Et pourtant, ce n’est pas par faute d’entendre parler de la communauté sourde, souvent sujette aux préjugés et aux images construites à la va vite !
Véronique Poulain, fille de parents malentendants a voulu raconter l’envers du décor. La réalité avec ses heurts, ses drôleries et ses vrais handicaps.
De bribe en bribe, elle narre un quotidien qui n’est ni rose ni noir mais qui a, comme pour toute communauté en marge de notre bien pensante société, ses travers et ses joies collatérales. Le texte est brut et nous immerge dans une enfance puis une adolescence qui se frottent aux regards de l’extérieur et aux envies d’une jeune femme entendante qui doit composer avec un handicap qui devient le sien tant bien que mal.
On y rencontre les grands-parents, les bruits- si présents dans la vie des sourds- les silences, les gestes et les mimiques. On y apprend comment les sentiments, les émotions sont gérés avec subtilité ou cruauté. Certains ont dit que c’était un texte méprisant, peu valorisant pour les sourds et les liens qu’ils entretiennent entre eux et avec la société. Je n’ai pas ressenti un quelconque mépris ou hauteur de la part de l’auteur.
Peut-être faut-il être familier du monde qui leur est propre pour pouvoir en juger…
Ou peut-être est-ce mon côté bon public qui a pris, le temps d’un court roman, le dessus et la réflexion de fond qui m’a charmée. Car oui, même si c’est de la surdité dont Véronique Poulain parle, c’est aussi de la différence de manière générale que l’auteure traite. Cette différence qui peut être générée par bien des situations ou des statuts, entendant ou non. Une mère trop âgée, un père aux normes différentes…
Un texte qui m’a fait sourire, rire je dirai même et qui m’a appris bien des choses. J’ai trouvé cela touchant, cru et émouvant. Et après, avoir vu le film sur le même sujet, j’ai hésité assez peu, rien de tel que la littérature pour dire les choses.

Les mots qu’on ne me dit pas, Véronique Poulain, Stock, 2014



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