Pour la première fois, le Siggraph s’est décliné en version asiatique, à Shenzhen en Chine du 3 au 6 décembre dernier. En plus de l’impression 3D et de la réalité augmentée, les participants ont fait le point sur les effets spéciaux.
Exhibitions, conférences, projections, les effets spéciaux étaient partout lors du Siggraph Asia en décembre dernier ; peut-être même plus que l'animation. Face à la constante demande de l'industrie du cinéma et du jeu vidéo, les techniques évoluent et les résultats se surpassent, offrant tout un florilège à admirer et à découvrir. Des formations spécialisées aux studios, Siggraph Asia a été l'occasion d'avoir un aperçu de chaque étape. La France n'est pas en reste dans le domaine.
Des formations à la pointe ...
La projection des courts-métrages toutes catégories, sélectionnés par le comité du Computer Animation Festival, offre un savoureux mélange de films d'étudiants et de réalisations professionnelles. On y découvre des courts-métrages chinois, coréens ou japonais à l'univers envoûtant et bien différent des créations occidentales, comme le très étrange "Gunther", du studio coréen "Erick Oh Film", à l'univers coloré et aux personnages très abstraits avec un humour plus que loufoque. Mais l'Europe y est très bien représentée avec des pointures de l'éducation qui offrent encore cette fois des œuvres saisissantes, comme le très apprécié "Wrapped" (de Roman Kaelin, Falko Paeper et Florian Wittmann) ou "Home Sweet Home" (de Pierre Clenet, Alejandro Diaz, Romain Mazenet et Stéphane Paccolat). Parmi les institutions qui forment des artistes et techniciens de l'image reconnus mondialement, on retrouve l'Allemande Filmakademie Baden-Wuerttemberg, aux résultats toujours très soignés qui permettent à ses étudiants de trouver des stages chez Pixar par exemple. Côté français, il y a bien sûr l'omniprésence des Gobelins, de Supinfocom et de l'ESMA à la créativité débordante, mais surtout, et de plus en plus, les productions d'ArtFX dont la qualité a beaucoup fait parler lors de cette édition de Siggraph Asia.
... Pour des studios toujours plus performants ...
S'ajoutent aux films étudiants les dernières réalisations de grands studios d'effets spéciaux. L'occasion de découvrir (ou re découvrir) l'étendue du savoir-faire d'Hollywood comme le making-off de certaines scènes de films récents, par exemple le dernier "Iron Man". Côté cinéma, il y avait bien sûr la Weta, le célèbre studio de post-production néo-zélandais, venu montrer l'ampleur de son talent dans les effets spéciaux et sa maîtrise de la motion capture avec le dernier film de la série de "La Planète des Singes". A travers la création desdits singes, la Weta a pu montrer le savoir-faire de son équipe de R&D, pionnière dans le domaine du "rendu capillaire". Autrement dit, apporter une représentation étonnamment réaliste des cheveux, des poils, de la fourrure à des personnages modélisés sur ordinateur. Pour fêter la sortie du dernier chapitre de la trilogie du "Hobbit", la Weta avait également en sélection officielle le making-off du 2e volet "Le Hobbit : la désolation de Smaug", concentré d’effets spéciaux tant virtuels (création du dragon ou gestion des foules) que matériels (costumes et armes). Method Studios faisait également honneur au cinéma dans la programmation de Siggraph Asia. Le making-off de "White House Down", film d’action américain réalisé en 2013 par Roland Emmerich, montrait les différentes étapes de trucage pour simuler la destruction de la Maison Blanche. Avec "Divergent”, un autre film d'action hollywoodien, le studio américain a mis en avant la scène de la "Mirror Room" dans laquelle l'héroïne combat contre elle-même, avec un jeu de miroirs. Pour réaliser cette scène, aux reflets multiples et à la double projection de l'actrice, une doublure et plusieurs tournages de la même scène sous différents angles, associés à des modèles 3D, ont été nécessaires pour fusionner en une même image.
L’univers du jeu vidéo était également à l’affiche. Les bandes annonces des jeux "Dark Souls II" et "Assassin's Creed Unity" ont permis d’apprécier le réalisme des graphismes. L'occasion de constater l'utilisation de techniques communes au cinéma, telle que la motion capture. Cette communion des effets utilisés dans les deux univers réduit d’ailleurs un peu plus l'écart qui les sépare.
... Grâce à des technologies qui évoluent sans cesse
Buf, un studio français d'effets spéciaux, a profité de l’évènement pour revenir sur ses 30 ans d'expérience dans l'industrie au niveau artistique et technologique. L'équipe de Recherche et Développement de Buf a pour stratégie de développer tous les logiciels nécessaires à la production, en interne. Depuis le suivi de production au logiciel de montage final et de composition des images, en passant par leur logiciel de modélisation et d'animation 3D, chaque étape est associée à un programme, propriété du studio. Cette stratégie leur permet d'avoir la main mise sur le code de leurs outils et de les faire évoluer en même temps que le marché des effets spéciaux, pour être toujours plus près des attentes des producteurs. Mais tous les studios n'ont pas la même approche de travail et beaucoup utilisent des solutions logicielles, développées par des entreprises spécialisées, dédiées à une étape de production. Parmi ces entreprises, citons FlowboxFX, présente pendant ces quatre jours d’exhibition pour une démonstration de son programme consacré aux effets spéciaux. En intégrant des outils préconçus et un langage informatique dédié, FlowbowFX se propose de fournir une réponse au problème des logiciels existants, trop complexes et qui évoluent mal. Ainsi, que l'on soit artiste ou développeur, on peut créer une solution qui répond à nos besoins pour la création d'effets, basé sur un système nodal de "boîtes" comme le fait le logiciel de compositing "Nuke". Mais la technique évolue également grâce aux nouvelles cartes graphiques et solutions hardware qui assurent un meilleur résultat, en utilisant une technologie GPU (Graphic Processor Unit) toujours plus poussée et qui dope la puissance des machines.
On le voit, les effets spéciaux sont de plus en plus répandus et de plus en plus utilisés. L'industrie a un bel avenir devant elle. La formation toujours plus pointue des jeunes recrues et l'amélioration constante des outils et des machines pour produire de tels effets assurent sa prospérité.