Cette messe si belle et si fugace...

Publié le 16 janvier 2015 par Fabianus

Ce 11 janvier 2015 restera dans nos mémoires collectives.

A Paris, entre la place de la République et celle de la Nation, des milliers de gens ont défilé, en communion républicaine, pour dire Non au terrorisme, Non à la boucherie des djihadistes de tous poils, Non à la mort de la liberté d'expression !

Ils y a ceux qui honoraient la mémoire de Charlie Hebdo, ceux qui se fichaient des caricatures mais qui signifiaient, par leur présence, que la liberté de dire et de dessiner était gravée dans le marbre de notre démocratie.

Il y a ceux qui nourrissaient l'espoir d'un lendemain plus fraternel, un lendemain où les différentes communautés pourraient se parler, sans se stigmatiser...

Il y a ceux qui songeaient à leurs proches, fauchés par les terroristes parce qu’ils étaient dessinateurs de libre pensée, journalistes, chroniqueurs, essayistes...

Il y a ceux qui pleuraient les membres de leur famille décimés pour avoir porter l'uniforme de policier ou parce qu'ils étaient juifs ou avaient eu le malheur de faire leur course dans un magasin cacher.

Il y a ceux qui marchaient, l'âme en peine, encore incrédules de l'apocalypse et cherchant à sortir d'un cauchemar ! 

Il y a ceux qui déambulaient, portant en leur âme la peur d'être montrés du doigt, la grand messe étant achevée : communauté musulmane en mal de positionnement dans une société laïque. Mais ils marchaient, pour le moment, dans leur certitude citoyenne.

Il y a ceux qui avançaient avec, dans les yeux, l'étoile ternie de David sous les sombres menaces de nuages létaux.

Et puis, il y a ceux qui, représentant leur pays, avaient fait le voyage pour montrer leur compassion, leur soutien à la France, pour montrer que le combat contre le terrorisme était une lutte mondiale. C'était le défilé des Grands de ce Monde, Merkel, Cameron, anciens ministres de France, ancien Président de la République...

Certains venaient là pour un sincère soutien à notre France, d'autres s'étaient fait inviter pour redorer un blason souillé par des atteintes au droit de l'homme (Netanyahou, le premier Ministre israélien, pour ne citer que lui).

Mais ne boudons pas notre plaisir. La France s'est retrouvée, le temps d'un dimanche, uni, fidèle à ses valeurs.

Alors, même si les lendemains déchantent, même si les brisures et fissures retrouvent leur chemin sociétal, il nous faudra toujours ressortir de notre mémoire collective cette communion républicaine, extraordinaire et si fragile car si fugace !




Jean songeait à Cabu A ses dessins mordants Coups de poings sans abus Juste un peu insolents.
Renaud pleurait sans fin L’esprit de Wolinski Au nom de tous les seins Libertaires, insoumis.
Charb était dans le cœur De Juliette éplorée Souvenirs de douleur Dans les pas égrenés.
Jérémie de Tignous Gardait sous son parka Un dessin qui émousse Quelques ayatollahs.
Noémie revivait Au fond de sa mémoire L’ironie d’Honoré Blancs-noirs, jubilatoires.
Fatima les suivait Sans l’ombrageuse offense D’une stigmatisée Réépousait la France…
Marianne était belle Dans sa diversité Dans l’émotion charnelle D’une laïcité !
Le martyr de Charlie Portait en pavillon Notre démocratie Et le droit d’expression.
Communion silencieuse Dans la fraîcheur d’hiver Face à l’ignominieuse Apologie des guerres.
Catharsis aux pas lents Dans les rues de Paris Pèlerins émouvants Dans leur digne mépris.
D’une grâce fugace Tout un peuple se meut Pour habiter l’espace Des sanglots amoureux. L’amour des libertés Du respect de chacun Bannir l’autodafé Qui décime un dessin.
Et la foule applaudit La vertu policière Auréole éblouie De clameurs familières
On porta les héros Au pinacle émotif Comme des calicots Aux accents laudatifs.
Devant marchaient les grands Quelques-uns d’imposture Tant s’attachait le sang A leur fausse droiture.
Mais qu’importent les faux Les fabriques d’image Le malheur était beau En ce pèlerinage.
D’une grâce furtive Tout un peuple se meut Dans l’ivresse émotive Qui embrume les yeux.
Un élan, fraternel Suspendu quelque temps Au fil émotionnel Dans le chagrin du vent.
Pour retomber un jour Sur le gris monotone De nos plats carrefours Que nos routes dissonent…