Seule face à ce mur de silence, j'ai pleuré.
Lui est parti, je lui avais préparé sa valise, sa fin de contrat avec moi, une histoire avec un point final. Je l'ai largué, plus d'amoureux. Deux ans de bonheur, de séduction, de découvertes, de rares doutes, de week-ends pétillants, une installation ensemble, des soirées en amoureux, ici et là. Le couple parfait, d'autant plus que nous partagions la passion pour notre boulot dans l'art, des expositions et des ventes, des heures à prendre posession de l'espace pour philosopher sur la vie, sur une couleur, une sculpture, un tableau, un artiste. Heureux, nous étions un couple heureux, mais vide. Oui sans fond, sans réels repères sauf celui d'avoir envie d'être ensemble, d'être finalement que de très bons amis, car les sentiments étaient après notre lieu commun, et avec le temps, ils sont devenus parallèles sans vraiment se croiser, s'entrecroiser.
Et puis son corps, je le prenais, je le dévorais mais il n'explosait pas de jouissance.
Et moi, j'avais envie de rugir dans ce lit, sur ce canapé, là dans la salle de bain, ne plus réfléchir, ne plus chercher de sens à mes actes ou à mes émotions, juste du sexe. Oui primairement, j'avais envie de le recevoir en moi, de le sentir sélancer dans mon corps, soulevant ma robe, cherchant ma chair, caressant ma peau, mes courbes, dévorant mes seins, s'offrant ma vallée intime sans limites. Là rien ! Trop de rien s'accumulant, et trop d'envie plus encore s'ajoutant, j'ai fini par essayer de comprendre, mes envies, son corps, ses envies, nos envies, nous, lui, moi, et ce triangle sans fin du responsable de cette fuite en avant.
Même remettre en cause ma liberté de femme de disposer de mon corps, moi trentenaire et femme, féministe par les libertés héritées des combats des décennies précédentes, j'avais enfin le bonheur de pouvoir jouir, en préservant la natalité à mon gré, en profitant des sublimes volutes d'hormones du plaisir.
Alors ma féminité, comme un atout, comme un joyau personnel, avec le corps dont je disposais, je l'enveloppais de lingerie, de jolies robes, de jupes ou de pulls élégants, posé sur des chaussures et bien souvent des talons hauts, j'aimais me voir. J'aimais être femme, les regards extérieurs semblaient le confirmer, le sien aussi, mais cela ne provoquait pas l'étincelle, la flamme et le feu charnel attendu. Après avoir douté de moi, en avoir enfin parler à une copine puis à un psy, je suis revenu vers lui, vers nous, vers ce vide qui s'amplifiait devant nous, entre nous, surtout allongés.
Les larmes sont sèches, je viens d'appeler ma meilleure copine, pour une soirée drague. Oui basiquement mon corps a envie de s'éclater, de jouir et de jouir encore. Librement, sans trop savoir avec qui, juste de vivre et de combler ce manque.
Mais rassurez-vous, je regarde déjà plus loin, vers l'homme idéal, toutes options, avec sentiments, amour et sexe. Demain.
Nylonement