Le prix du meilleur polar POINTS 2014

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Le prix du meilleur polar POINTS  2014 (15-01-2015)


Malgré près de 2000 personnes à s’être inscrites pour rejoindre le jury du Prix du Meilleur Polar des lecteurs de POINTS 2014, j’ai eu la chance, avec 39 autres lecteurs de France, Belgique et Quebec (et 20 professionnels), d’avoir été sélectionnée.

Même si recevoir 9 lectures surprises a été un peu stressant au début, je dois avouer qu’au final cette aventure a été aussi intéressante que gratifiante. Chacun des participants a donc reçu 9 romans policiers récemment publiés, issus du catalogue Point, qu'il était évidemment tenu de lire, afin d'élire le meilleur des 9. Dans l’ensemble, ces titres sont loin d'avoir été de mauvaises lectures pour ma part, car à part un abandon (je n’y arrivais vraiment pas du tout !), j’ai réussi à tout lire sans aucune difficulté, et pour certains à prendre même beaucoup de plaisir.

Voici les titres de la sélection :

  Brunetti et le mauvais augure de Donna Leon, mon avis ici

Venise baigne dans la torpeur d’un été caniculaire et Brunetti s’ennuie. Sa seule mission : la filature d’une vieille dame escroquée par un pseudo-voyant. La bourrasque d’un scandale de corruption sans précédent réveille le commissariat assoupi de chaleur. Meurtre d’un greffier, trafic d’influence, Brunetti ne sait plus où donner de la tête. Son horoscope lui prédisait un été calme pourtant.

Niceville de Carsten Stroud 

Niceville a tout d’une charmante bourgade, un peu assoupie, du Sud États-Unis. Les apparences sont trompeuses : la ville aux demeures somptueuses est construite près d’un lieu maudit, la Fosse du Cratère. Depuis longtemps, d’inquiétantes et inexplicables disparitions touchent les familles fondatrices. Niceville est née d’un pacte avec des forces démoniaques, le Mal réclame son dû…

Étranges rivages d’Arnaldur Indridason, mon avis ici

De retour sur les terres de son enfance, le commissaire Erlendur est plus que jamais hanté par ses démons intérieurs. Terrassé par le souvenir de la mort de son jeune frère, il se plonge dans l’histoire de cette jeune mariée disparue en pleine tempête soixante ans plus tôt. Pourquoi n’a-t-elle jamais croisé le groupe de soldats égarés qui empruntaient le même chemin ? Sous la glace des fjords d’Islande, le passé ne meurt jamais ; il se confond parfois même avec les rêves.

Le sang des maudits de Leighton Gage , mon avis ici

Fauché par une balle à sa descente d’avion, l’évêque Dom Felipe s’écroule dans la foule. Saõ Paulo s’embrase. Gangs des favelas et cartels de propriétaires terriens se livrent une lutte sans merci au nom de leur seul dieu, le dollar. Cette guérilla urbaine a déjà fait de nombreuses victimes. Les parents de l’inspecteur Mario Silva en étaient. Sa revanche s’annonce impitoyable…

Arab Jazz de Karim Miské , mon avis ici

Ahmed Taroudant, jeune marginal, ne lit que des polars. Quand il trouve sa voisine pendue à son balcon, un rôti de porc à ses côtés, il sort de sa léthargie. Est-ce le meurtre symbolique d’un fou de Dieu ? Avec Rachel Kupferstein et Jean Hamelot, flics cinéphiles et torturés, Ahmed enquête au cœur d’un 19e arrondissement cosmopolite où ripoux, caïds et fondamentalistes se livrent une guerre sans pitié.

Guerre sale de Dominique Sylvain , mon avis ici

Un pneu enflammé autour du cou : c’est l’atroce mise à mort réservée à un avocat spécialiste des relations franco-africaines. Cinq ans plus tôt, l’assistant de Lola Jost a subi le même sort, précipitant son départ à la retraite. La voilà qui reprend du service. Et tant pis si ses ex-confrères n’apprécient pas qu’elle mette son nez dans les magouilles de la Françafrique, sujet pour le moins… brûlant.

Kind of blue de Miles Korwin

Avant, Ash Levine était flic aux Homicides à Los Angeles et sa vie avait un sens. Avant… la mort de Latisha Patton, témoin sous sa protection lors d’une affaire de meurtre. Miné par la culpabilité, Ash a démissionné et a perdu pied : dépression, divorce et cauchemars obsédants sur sa famille déportée. Un seul remède : reprendre du service et traquer les assassins de Latisha.

Nu dans le jardin d’Eden de Harry Crews 

Garden Hills est une véritable cour des miracles. La mine a fermé, les habitants ont déserté. Dans l’espoir du retour de Jack O’Boylan, magnat de l’industrie, douze familles survivent sous le joug d’un homme : l’obèse Fat Man, propriétaire des terrains, reclus chez lui. Décidé à convertir la ville-fantôme à la modernité, Dolly, ex-reine de beauté, est prête à tout pour abattre les vieilles idoles.

Une belle saloperie de Robert Littell 

Pour les beaux yeux d’une charmante prêteuse sur gages, le privé Lemuel Gunn, ancien de la CIA, accepte de rechercher son débiteur : serré en flagrant délit d’achat de dope, l’homme a profité de sa liberté sous caution pour s’enfuir. Introuvable, il semble protégé par une organisation assez puissante pour effacer toutes traces de son existence… Et s’il n’était pas le vulgaire junkie qu’on croit ?

Même si tous n’étaient pas tous égaux en terme de plaisir,  j’ai été assez stupéfaite par la diversité des genres : polars, thrillers et romans noirs, et des sujets traités (et je ne parle pas des lieux, un vrai tour du monde !!!!)

Pour résumer ces 6 mois de lecture passés en compagnie de POINTS : l’atmosphère d’Etranges rivages m’a particulièrement plu, je n’ai pas pu finir Une belle saloperie tant le style me dérangée, King of Blue m’a bien embarquée me donnant le sentiment d’être dans un bon film policier, j’ai aimé la petite touche de fantastique dans Niceville, quant à Arab Jazz, j’ai été surprise par ses personnages atypiques et emballée par l’enquête très entraînante et j'ai trouvé Nu dans le jardin d'Eden sans intérêt, . Tout ne pouvait évidemment pas être parfait (il en faut pour tous les goûts), ça fait partie du jeu auquel je me suis prêtée avec grand plaisir. Ce que je retiens de cette expérience c’est d’avoir eu la chance de découvrir des auteurs et des titres vers lesquels je ne me serais sans doute pas tournée.

Mais venons-en aux faits. Après plusieurs mois de lectures et de délibérations, voici donc les résultats définitifs : 

Arab Jazz de Karim Miské : 16 voix 

Étranges rivages d’Arnaldur Indridason : 12 voix 

Kind of blue de Miles Korwin : 6 voix 

Le sang des maudits de Leighton Gage : 5 voix 

Nu dans le jardin d’Eden de Harry Crews : 5 voix 

Une belle saloperie de Robert Littell : 5 voix 

Guerre sale de Dominique Sylvain : 2 voix 

Niceville de Carsten Stroud : 2 voix 

Brunetti et le mauvais augure de Donna Leon : 0 voix

Le vainqueur 2014 du prix du meilleur polar POINTS 2014 est donc un premier roman français (déjà couronné du Grand prix de la littérature policière en 2012). La classe ! Je suis vraiment ravie de voir que mes deux chouchous de la sélection ont fait l’unanimité et sont arrivés en tête, car même si mon vote allait à Etranges rivages, Arab Jazz le talonnait de très peu.

Arab Jazz de Karim Miské, vainqueur annoncé en librairie le  8 janvier 2015, vient donc succéder les lauréats des précédentes éditions :

  

Mercredi soir, les différents acteurs de ce prix ont été conviés à la remise du 5ème Prix du Meilleur Polar des lecteurs de POINTS, célébrant par là même les 35 ans de la collection «Points Policier », autour d’un cocktail dînatoire.

J’ai ainsi pu rencontrer Karim Miské, un homme sympathique, qui nous a fait part des éléments qui ont contribué à faire d'Arab Jazz ce qu'il est. Réalisateur, son travail sur différents documentaires (dont Born Again diffusé sur Arte en 2005) lui a permis de mieux comprendre la montée du fanatisme religieux. Forcément touché par ce travail qui aborde l'intégrisme (présent dans toutes les religions), il a choisi de partager cela (un peu comme pour s'en libérer après une grande immersion) dans une fiction qui aujourd'hui, une semaine après les attentats contre Charlie Hebdo, possède une résonance toute particulière. Il évoque ainsi certains éléments de son roman qui ont aujourd'hui pris place dans la réalité, comme la filière des Buttes-Chaumont, et la place du destin sur divers points. Très ouvert, il parle de son nouveau travail (un essai), que son éditrice présente comme une autobiographie, mais qu'il préfère nommer d'autofiction, où il parle de ses origines, et à ce titre il nous offre quelques anecdotes cocasses sur sa famille.

  


Cette soirée aura été aussi pour moi l'occasion de rencontrer d'autres lecteurs qui ont aussi participé à ce prix. Nous avons pu échanger nos avis sur les différents titres en lice et constater qu'ils se rejoignaient sensiblement sur la plupart des romans. J'espère que pour les prochaines éditions un forum pourra être mis en place car nous avons tous ressenti la même frustration durant le temps du prix de ne pouvoir discuter entre nous (l'info est passée auprès des Editions Points). J'ai également pu mettre un visage sur un nom en faisant la connaissance de Camille (notre correspondante après de la maison d'édition), une jeune femme charmante et d'une grande gentillesse. Nous avons un peu papoté. Elle m'a  ainsi expliqué comment les titres étaient choisis pour figurer parmi les prétendants et a surtout pris soin d'écouter mes retours quant à mon expérience de lectrice.

  

Si j'aime aller à la rencontre des auteurs, je vous avoue de ce genre de soirée ne me mettent pas spécialement à l'aise. J'y vais seule, je ne connais personne et je suis de nature timide, alors c'est toujours un peu délicat d'engager le dialogue et encore plus de se faire une petite place parmi les invités (souvent des gens du métier de l'édition). Me retrouver hier soir avec d'autres lecteurs simples et passionnés a été tout simplement un plaisir ! Je garderai de ce prix du polar un excellent souvenir et j'invite tous les amoureux des thrillers, polars et romans noirs, à vous inscrire pour connaître la même expérience. 

Si vous souhaitez donc faire partie du jury de l’édition 2015  les inscriptions sont ouvertes ici jusqu'au 10 mars 2015. N’hésitez pas un instant, c'est une belle opportunité que vous offrent les Editions POINTS !