Lors de la conférence TED qu’il a donnée au Brésil en octobre dernier, Navi Radjou a posé les grands principes de définition de ce que signifie, pour lui l’innovation frugale.
Grandir dans un pays en développement apprend à extraire plus de valeur à partir de ressources limitées. Quand les ressources extérieures se font rares, il faut aller puiser en soi la seule ressource qui soit infinie, l’ingéniosité humaine, et trouver des manières créatives d’utiliser ce que l’on a déjà. C’est à cette inventivité sous contrainte qu’il a consacré son bestseller, L’innovation Jugaad.
Les entrepreneurs jugaad ne travaillent pas dans de grands laboratoires de R&D et innovent précisément parce ne disposent pas des ressources de base qui semblent naturelles pour nous, comme le capital et l’énergie. L’astuce est de puiser dans une ressource abondante, par exemple le soleil et la couverture en réseau mobile au Kenya, pour combler un manque, par exemple d’électricité et de bancarisation : c’est ce que fait M-KOPA, qui propose des kit solaires qui peuvent être payés par petits versements par téléphone mobile.
L’innovation frugale est aux antipodes de la façon dont on innove dans les pays du Nord. Le paradigme d’innovation dans le monde développé est encore « faire plus avec plus », mais la baisse du pouvoir d’achat et la pénurie d’eau et de pétrole doit nous apprendre à faire plus avec moins. C’est pourquoi son prochain livre à paraître, L’innovation frugale, traite de la façon dont les entreprises du monde développé peuvent passer à un mode d’innovation moins gourmand en ressources. Il ne s’agit pas forcément de produire du low-tech, mais aussi rendre le high-tech plus abordable pour davantage de gens.
Voici les 3 grands conseils que donne Navi Radjou pour faire de l’innovation frugale :
- Faire simple, et ne pas chercher à impressionner les clients
- Ne pas réinventer la roue, mais partir des atouts et ressources existants
- Penser et agir de manière horizontale, en résistant à la tentation de centraliser dans de grandes usines.
Enfin, Navi Radjou clôt sa conférence sur un espoir : celui de voir Nord et Sud collaborer pour créer ensemble des solutions frugales au profit de l’humanité entière.