Normalement son prénom devrait suffire.
Des années, des décennies qu’on le prononce, qu’on l’écrit, qu’on l’affiche, qu’on le fantasme. C’est inaltérable, indémodable, c’est un frisson qui électrise la colonne vertébrale, c’est un vent d’excitation qui fait dresser les poils sur les bras, c’est une gourmandise qui fait saliver d’avance... C’est l’auteur de cet article qui en fait déjà des caisses alors que juste : Marilyn !
M.M, 1954, ©WEEGEE, courtesy Galerie de l’Instant, Paris
Ah ! Marilyn ! Logiquement, puisqu’elle était actrice, ses films devraient rester la seule fenêtre ouverte sur sa légende.
A la limite concédons-lui quelques affiches devenues posters avec l’air du temps, quelques détours en couleurs sixties pour adorateurs d’Andy Warhol, quelques cartes postales pour touristes du septième art, ou quelques séries de timbres poste pour maniaques des dates anniversaires.
Après, qu’il y ait des collectionneurs de calendrier pour cabine de chauffeur routier, des jeunes écrivains qui cherchent l’inspiration dans la vie et l’œuvre d’Arthur Miller, des travestis qui se rêvent le cul à l’air parce que leur robe blanche se soulève quand ils passent sur une bouche d’aération, moi, je dis, faut que tout le monde s’amuse !
Mais dans ce cas qu’est-ce qui fait qu’on se déplace encore pour une simple expo photo qui lui est consacrée, à Marilyn ?
Ce n’est pas un évènement, ça n’a pas lieu dans un palace (cela dit l’endroit est charmant mais si vous avez un enfant et un poisson rouge à charge vous devrez vous séparer de l’un des deux pour y vivre… et sans vouloir vous influencer le poisson rouge prend moins de place), il n’y a pas cinquante mille clichés à admirer, ce ne sont pas des photos exhumées récemment depuis le grenier du petit fils de la bonne de Joe DiMaggio, et ce n’est même pas une exposition exclusive puisque Norman Jeane Baker (née Norman Jeane Mortenson) partage les murs avec les Rolling Stones et Steve McQueen (ce qui n’est d’ailleurs absolument pas gênant… au contraire. Et comme je viens de taquiner quelque peu l’endroit sur sa surface, je rééquilibre la critique en remerciant la galeriste Julia Gragnon pour sa générosité puisqu’elle expose avant tout ses passions, et ce gratuitement en plus !).
Alors ?
Alors rien. Il n’y a rien à comprendre. C’est tout simplement magique.
Marilyn est magique !
Oh bien sûr ! Les photographes ne sont pas n’importe qui : Bert Stern, George Barris, Milton Greene, Philippe Halsman, entre autre, autant dire des artistes.
Mais le modèle est à elle seule un vrai tour de passe-passe. Vous la mettez devant un objectif et hop ! Elle subjugue (mot qu’on dirait spécialement inventé pour elle d’ailleurs).
M.M, 1953, ©PHILIPPE HALSMAN/MAGNUM, courtesy Galerie de l’Instant, Paris
Ce n’est pas qu’on reste des heures à la regarder, c’est juste qu’on ne peut pas ne pas la regarder, ne pas essayer de comprendre, ne pas se laisser envahir par sa beauté ou sa fragilité. Ne pas être touché.
Photos de tournage, photos de mode, photos de célébrité, photos d’intimité : même combat !
Comment on appelle ça déjà ? La présence ? Le charisme ?
Il y a de ça. Il faut de ça. Mais pas seulement.
Marilyn était charmante, belle, perdue, ingénue, blonde, elle avait les yeux grands ouverts, le sourire du monde, le corps qui trouble, le trouble qui émeut, la tenue qui emballe, elle était sophistiquée, irréelle, présente, triste, mélancolique, pathétique, irresponsable, capricieuse, allumeuse, généreuse, amoureuse, elle savait tout faire y compris faire semblant de savoir tout faire.
M.M, 1962, ©BERT STERN, courtesy Galerie de l’Instant, Paris
Et j’entends déjà les mauvaises langues dirent : « c’était une femme donc ! ».
Non, c’était une actrice !
La preuve : sur la pellicule elle est toujours vivante !
Inoubliable Marilyn
Jusqu’au 25 Février
Entrée gratuite
La Galerie de l’instant
46, rue de Poitou
75003 Paris
Ouverture du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures.
Le dimanche de 14 heures 30 à 18 heures 30.