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La forêt d’iscambe. Christian Charrière

Par Nelcie @celinelcie

Un jour de flânerie intense à la librairie (Scylla, sise à Paris 12ème pour ne pas la citer), mon œil a été attiré par ce livre. La couverture me plaisait bien, et je ne connaissais pas l’auteur. Un livre d’un auteur français dans une France futuriste et apocalyptique ? Ouais, ça me bottait bien ! Trois secondes et demie plus tard, j’étais à la caisse à régler mon achat. Ou plutôt mes achats, parce que quand je vais chez Scylla, je ne ressors Ja-Mais avec qu’un seul livre. Jamais.

La forêt d’iscambe. Christian Charrière

Synopsis

Notre civilisation n’est plus ; une forêt gigantesque s’étend désormais sur la moitié de l’Europe. Un ermite et son disciple font route vers les ruines de Paris dans l’espoir d’y découvrir les traces d’une culture disparue. Le lecteur s’engage à leur suite dans cette forêt extraordinaire, peuplée de termites géants et de fleurs carnivores, de héros déchus et de milices sanglantes.

Mon avis

Ce roman est ce que j’appelle un roman « oui mais ». Autrement dit, un livre avec plein de bonnes choses… Mais, avec un ou deux petits trucs qui empêchent d’apprécier pleinement la lecture.

Commençons par l’introduction, la mise en place de l’histoire. L’auteur prend le temps de placer son histoire, que ce soit dans le temps ou bien géographiquement. Et ça, c’est plutôt pas mal. J’ai rapidement pu saisir où je me situais, ce qui m’a permis de me fixer dans l’histoire. C’est-à-dire dans une France apocalyptique. Alors, on pourrait reprocher le manque d’information sur le pourquoi du comment on en est arrivé là (savoir que c’est la Terre qui est sortie de son axe, c’est un peu juste pour comprendre toute l’évolution de la nature qui en résulte), mais à la limite, j’ai envie de dire qu’on s’en fiche un peu.
Il prend également le temps d’introduire ses personnages, et donc son intrigue. Là aussi, c’est un bon point. J’ai également aimé le fait qu’avant même de pénétrer avec les personnages dans la fameuse forêt d’Iscambe, celle-ci se pare d’un mystère à la fois mystique et effrayant. Elle nous apparaît pratiquement comme un personnage à part entière, comme un être que l’on admire et que l’on craint.
Sauf que !
D’une introduction qui se veut mystérieuse dans son atmosphère d’attente, à une introduction qui traîne en longueur, il n’y a qu’un pas que l’auteur n’était pas loin de franchir à mon avis. En fait, je dirais que ses orteils avaient franchi la limite. Parce que j’avoue qu’au bout d’un moment, j’en avais marre d’entendre parler de cette forêt sans que personne n’y rentre. Et ça, c’est vraiment dommage, parce que quelque part je trouve que ça casse un peu l’effet mystère. L’espace d’un instant, Iscambe avait perdu de sa personnification. Bref, il était temps de se perdre dans cette forêt.

Et c’est donc en compagnie de deux pèlerins mystiques que nous allons traverser cette forêt. En effet, leur but étant d’arriver à Paris pour y dégoter un quelconque trésor. Evidemment, s’ils n’avaient que la forêt à affronter, cela pourrait presque passer pour une promenade de santé. Presque. Mais ce n’est pas le cas, puisque nos deux joyeux lurons vont croiser sur leur chemins d’autres personnages peu enclins à les voir réussir leur mission pour certains. Notamment un membre de la « blagoulette », un parti totalitaire qui a des idées bien précises sur la notion de liberté et de libre arbitre. A côté de ça, It’van, jeune homme de son état, va se retrouver en plein milieu d’une guerre fourmis contre termites.
Dans son ensemble, si j’ai bien aimé l’intrigue, ainsi que ses tenants et aboutissants, j’ai été frustrée de ne pas en savoir plus à propos de l’organisation étatique. Je me suis sentie perdue quand au fonctionnement du peuple. Ok, y  un état qui dirige tout, ok y a des rebelles contre cet Etat qu’il faut matter. Mais j’ai trouvé que tout cela manquait de détails. Encore une fois, c’est vraiment dommage, parce que ce qui se passe dans la forêt, bah c’est plutôt intéressant quoi !

La première chose que je me suis demandée, une fois bien ancrée dans le lieu, c’est qui de la forêt d’Iscambe ou du duo de pèlerins est le plus mystique. Et qui est le plus barré.
Parce qu’entre un termite géant en plein de complexe d’Œdipe et les deux compères en vénération devant le Dieu Total suite à la découverte d’une pompe à essence, il y a de quoi se poser la question, je vous assure !!
Vous l’aurez donc compris, l’humour est omniprésent dans l’histoire, et personnellement j’ai très souvent adhéré. Parce qu’il s’agit d’un amour souvent décalé, un peu potache, parfois trop facile. Mais… hélas parfois aussi trop voulu. A plusieurs moments j’ai eu le sentiment que l’auteur avait forcé la blague, comme s’il ne pouvait pas s’empêcher de faire un trait d’humour, même quand cela n’était pas forcément nécessaire. Parfois, une petite phrase bien sentie, un apparté tout simple valent bien mieux que trois pages consécutives de grosses marrades…

J’ai trouvé que cette forêt avait quelque chose de vraiment fascinant, et  j’ai vraiment aimé la découvrir à travers les différents personnages, qu’ils soient humains ou non. Elle a vraiment quelque chose de très personnifiable, dans le sens où parfois elle nous reste mystérieuse tandis qu’à d’autres instants elle perd de sa superbe, elle ne fait plus peur et on se sent même prêt à l’affronter soi-même. Et Christian Charrière joue parfaitement avec ce sentiment de l’inconnu qui effraie et que l’on n’ose pas affronter. Sans hésiter, je dirais que l’ambiance du récit est globalement très positif.
En revanche, si l’idée de l’intrigue m’est apparue sympa et plutôt bien menée dans l’ensemble, j’ai été un peu déçue par la fin. J’ai trouvé qu’il manquait quelque chose à cette conclusion, pour la rendre plus punch, ou plus marquante.

En revanche, s’il y a bien une chose qui ne souffre d’aucun « Mais », c’est la plume de Christian Charrière. Parce qu’un écrivain qui utilise la richesse de la langue française, même des mots dont je connais le sens mais que moi-même ne pense pas à employer, et qui en plus se permet d’inventer des mots que tu es persuadé qu’ils existent tellement ils te semblent évidents et se fondent bien dans l’histoire, bah moi je dis chapeau bas !! C’est un régal que de pouvoir lire des descriptions poétiques, un petit bonheur que de découvrir des allégories ou des métaphores comiques si bien trouvées et surtout si justes.

Alors certes, La forêt d’Iscambe ce n’est pas l’intrigue la mieux construite de la littérature, les personnages ne sont pas les plus aboutis de la littérature. Mais l’auteur fait honneur à la richesse de notre langue, et ça, ça fait fichtrement du bien !

Côté challenge

La forêt d’iscambe. Christian Charrière


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