Super Sarko s’est levé tôt mardi matin pour annoncer, à Rungis (avec Carlita), la mise en place d’un fonds alimenté par les surplus de TVA. Une promesse destinée à calmer les professions touchées
par la hausse du prix du pétrole, comme les pécheurs, mais aussi les routiers. Lesquels commencent à sérieusement ruer dans les brancards. Il faut dire que Borloo leur mitonne une belle taxe…
qui, au final, pourrait attaquer le porte monnaie du consommateur.
D’ici la fin 2011, une nouvelle taxe attend les transporteurs. Circuler sur les routes nationales et les autoroutes gratuites, comme les voies bretonnes ou l’A75 deviendra en effet payant pour
les camions. Présentée comme l’une des mesures phare du projet de loi du Grenelle de l’environnement, cette belle idée n’est pas du tout sortie de l’imagination du brillant Borloo. C’est juste
l’habillage de la directive Eurovignette adoptée depuis longtemps par le parlement européen. En 2012, chaque Etat devra faire payer aux camions les nuisances qu’ils engendrent sur les axes
principaux : usure des routes, pollution, congestion. Un péage que l’Autriche, la République Tchéque, et surtout l’Allemagne appliquent déjà sur leurs autoroutes qui étaient gratuites.
Habituée à traîner les pieds, la France a concocté un projet de loi à sa sauce. En quelques mois, la transcription de la directive est devenue une usine à gaz. A l’origine, le taux devait être
unique à 12 centimes d’euros par kilomètre et par essieu. Aujourd’hui, selon le projet de loi mitonné par les services de Borloo, il oscillera entre 0,15 et 30 centimes d’euros. Peu à peu, le
kilométrage des voies concernées a fait tache d’huile. De 12 000 kilomètres au départ, on en est au moins à 15 000, sans doute 18 000. Du coup, les recettes attendues par l’Etat ont doublé, à la
grande joie de Bercy : de 500 à 800 millions par an à l’origine, elles oscillent maintenant entre 1 et 1,4 milliard d’euros. D’autant que les départements sont montés au créneau. Les
conseils généraux, à qui l’Etat a refilé, lors de la dernière décentralisation Raffarin, la gestion d’une bonne part des RN (reclassées en RD) ont obtenu le droit d’imposer la future taxe sur
certaines de leur voies. « L’Etat qui n’a plus un rond va faire financer la décentralisation par les routiers », râle une fédération de transporteurs. Si la
plupart des professionnels étaient opposées à la mesure, la FNTR, elle, a arraché une concession au gouvernement. Les transporteurs pourront répercuter le coût de la taxe sur leur facture. Du
coup, il y a fort à parier que c’est le consommateur qui, dans les supermarchés, paiera indirectement une partie du futur impôt à un milliard d’euros. Ce qui ne va pas améliorer le pouvoir
d’achat…
Mais à quoi servira cette manne ? Elle réparera la boulette de Villepin. En privatisant les autoroutes, l’ex premier ministre a privé l’Afitf, – l’agence présidée par Longuet chargée de
financer la construction des TGV et des tramways – des juteux dividendes des concessions autoroutières. Lesquels tombent aujourd’hui dans les poches de Vinci, Eiffage et d’heureuses banques
anglosaxones.
D’ailleurs, tout ce petit monde autoroutier se frotte les mains. Car pour installer le péage sur nationales, l’Etat a besoin d’eux. La loi adoptée, ce dernier lancera un appel d’offre pour leur
filer la concession du futur système. Lequel consistera vraisemblablement en un télépéage par GPS dont chaque camion devra être doté.
saSur le milliard d’euros de recettes moyennes, au moins 200 millions resteront dans les caisses des futurs concessionnaires. La belle affaire ! Mais ce n’est pas tout, certains consultants
estiment que le télépéage sur route nationale poussera bon nombre de camions à choisir l’autoroute. Quitte à payer, autant avoir un meilleur service. D’où un gonflement attendu des recettes des
concessionnaires privés. Ensuite, il ne restera plus au lobby autoroutier qu’à militer pour le péage pour voiture sur route nationale… (source Bakchichinfo)