Un texte de Yola Minatchy, présidente du réseau des Talents de l'Outre-Mer
Des fermes biologiques sur les toits de New-York, un exemple Eagle street
Depuis les années 2000, la popularité de l’agriculture urbaine, de la consommation locale ne cesse de croître. L’agriculture urbaine consiste à cultiver des produits frais au coeur des villes afin d’offrir une nourriture locale saine aux citadins, et de s’inscrire dans un projet agricole durable.
A New-York, the Eagle Street Rooftop, une organisation à but non lucratif, sont des pionniers du mouvement agricole urbain biologique. Soulignons que la ville de New-York offre 800 hectares de toits adaptés à une exploitation verte. Ces fermes de toit représentent actuellement l’alternative la mieux adaptée à la nécessité de se réapproprier l’espace urbain, mais aussi de renouer avec ses racines agricoles. Eagle Street a aujourd’hui institué une véritable chaîne alimentaire locale biologique combinant la production, le traitement, la distribution, la consommation, sans oublier le respect de l’environnement.
Rappelons à cet égard que l’agriculture à grande échelle, dite intensive, en raison de l’utilisation massive des produits chimiques toxiques, a des conséquences nocives sur les espèces végétales, les écosystèmes, l’eau, les animaux, l’Homme. Cette exploitation intensive des terres demeure encore au XXIe siècle synonyme de gaspillage démesuré au Nord, de dégradation de l’environnement, de pollution par les pesticides, de réduction de la biodiversité, de destruction de la souveraineté alimentaire des pays du Sud, de fruits et légumes importés de mauvaise qualité.
L’agriculture biologique, secteur vert en croissance, se fonde sur un certain nombre de principes et de pratiques dont l’objectif est de réduire au minimum notre impact sur l’environnement, en travaillant la terre de manière aussi naturelle que possible. Le bio est un mode de production qui exclut donc l’usage des engrais et pesticides chimiques, des produits de synthèse, des antibiotiques, des OGM. De même, l’agriculture biologique limite l’emploi d’intrants. En ce sens, l’agriculture biologique évite l’épuisement des sols, limite la pollution des nappes phréatiques, respecte les écosystèmes et les auxiliaires des cultures (abeilles, vers de terre, etc).
Ainsi, loin des effets de mode éphémère, consommer des produits biologiques locaux représente aujourd’hui l’alternative la plus responsable afin de réduire les risques alimentaires perçus dans les produits issus de l’agriculture à grande échelle, une agriculture pratiquée au détriment de la santé de la Terre et de l’Homme. En effet, durant ces dernières décennies, les crises alimentaires répétées ont influé sur les comportements alimentaires.
Outre le fait majeur d’accéder à la consommation de produits de plus grande qualité, nombre d’avantages sont liés à la consommation biologique locale dont une distribution par un circuit court, directement entre le producteur et le consommateur, en limitant les intermédiaires. Aujourd’hui, nous n’ignorons plus que notre système alimentaire constitué d’import/export n’est plus viable, outre le fait que la nourriture non biologique constitue une tragédie pour la santé.
Nous encourageons dès lors vivement les ultramarins dans l’hexagone, en Outre-Mer, ou à l’étranger, à contribuer au soutien de toute économie locale, en procédant aux achats de fruits et légumes sur un marché agricole local ou à rejoindre un réseau agricole régional.
Alors que la Terre comptera 9,1 milliards d’être humains en 2050, la production agricole mondiale devra doubler afin de nourrir la population. Une révolution alimentaire s’annonce. Celle-ci devrait avoir lieu avec le moindre impact sur l’environnement, en utilisant moins d’eau, moins de pesticides, en générant moins d’émissions de gaz à effet de serre, et ce, dans un contexte d’augmentation de la concurrence pour les terres. A notre sens, un développement véritablement durable, afin de nourrir la population mondiale, ne peut que sonner le glas de l’agriculture intensive au profit de l’agriculture biologique et locale. L’agriculture sur les toits reste un moyen d’utilisation d’espaces sous-exploitées dans les villes.
En tout état de cause, rappelons en ces temps de chômage exorbitant dans nos départements d’origine, que le métier d’agriculteur biologique demeure un noble métier d’avenir.