Il suffisait de voir Hollande suivi comme son ombre par son conseiller en communication lors de la manifestation de dimanche dernier pour perdre ses dernières illusions sur les intentions de notre récupérateur en chef. Regagner, université après université, gymnase après gymnase, piscine après piscine, le terrain concédé à un obscurantisme religieux qui exalte l'obéissance et rejette la raison est difficile.
Faire patrouiller une armée paupérisée et mal équipée, commémorer à tout va ou traquer les délires publiés sur Internet par des esprits égarés est moins dangereux. La première réaction du gouvernement et du Parquet a donc consisté à s'en prendre à Dieudonné, grotesque provocateur qui ne mérite que le mépris. Faute de s'attaquer aux racines du mal, qui plongent aussi dans l'incapacité de la bureaucratie française à traiter les problèmes autrement que par des allocations et des compromis, on va partir à l'assaut des forums d’internautes et embastiller deux ou trois abrutis qui n'auront pas trouvé le moyen de dissimuler leurs noms derrière leurs ineptes commentaires.
Quatre ans de prison ferme pour un clampin décérébré et alcoolisé qui s'est réclamé des frères Kouachi en insultant la police http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/01/13/97001-20150113FILWWW00083-4-ans-de-prison-pour-avoir-felicite-les-freres-kouachi.php ! Au moins six condamnations ont été prononcées depuis vendredi 9 dernier pour « apologie publique d'actes de terrorisme » en vertu de la loi toute récente du 14 novembre 2014. La société a besoin d’urgence de victimes expiatoires. Pendant ce temps, les politiciens qui ont volé la république échappent le plus souvent à la détention. Le seul à avoir parlé vrai dans cette affaire est Malek Boutih qui a dénoncé les élus locaux qui achètent la tranquillité et parfois leurs mandats en passant des accords louches avec les fondamentalistes et les trafiquants.
Le terrorisme pave la voie de l'autoritarisme de l'Etat, c'est un phénomène observé depuis de nombreux siècles. Il faut choisir son camp, celui des saints ou des démons, dont la définition est d'ailleurs variable. Pas de place pour la subtilité en temps de mobilisation. La France de cette dernière semaine fait penser au film de Billy Wilder, "le gouffre aux chimères" où un pauvre hère tombé dans un trou n'en sortira pas car son malheur fait l'affaire de tous ceux qui veulent conditionner l'opinion.
Dans quel gouffre sommes nous tombés ? Un hebdomadaire en perte de vitesse tentait à épisode régulier de se relancer en publiant des caricatures montrant Mahomet et tout un tas de papes, de rabbins et de curés dans des positions explicites, comme on dit chez Cameron.
Des énergumènes ayant une douille de Kalachnikov à la place du cerveau l'ont pris au pied du crayon et sont allés faire un carnage, complété par un bain de sang dans une épicerie cacher pour ne pas oublier l'anti-judaïsme de rigueur. Perdue et apeurée, la foule est allée communier dans une grand messe organisée à la hâte par les prélats du désordre établi.
Avec la baisse du prix du pétrole, celle des taux d'intérêt, de l'euro et l'espoir que Mario Draghi monétisera une partie de notre dette, Hollande va finir par croire que sa reconquête de l'opinion est possible. Pour la première fois depuis son élection, le peuple a d'ailleurs trouvé une raison de manifester dans la rue autrement que contre lui. Mais les sondages sont encore poussifs. Car, malgré tout, les esprits sont plus méfiants que par le passé et le courroux peut rapidement changer de direction.
Du reste, s’il y avait foule dans les rues, deux masses plus importantes encore sont restées silencieuses. Une grande partie des musulmans tout d’abord, qui pense que Charlie Hebdo n’a eu que la monnaie de sa pièce et dont les enfants ont montré peu d’empressement au recueillement à l’école. Un nombre considérable de gens ensuite, qui refuse la récupération par les politiciens ou considère que seule la méthode dure doit être employée contre une religion et une population qu’ils détestent. Ceux-là se font face à bas bruit, n’en déplaisent aux dires officiels. Et ce ne sont pas les gesticulations sécuritaires ou un empilement de règles liberticides qui règleront le problème.
2 - Les ailes de dieu
Est-ce Allah ou une puissance équivalente qui a mis sur la route présidentielle un pigeon facétieux et irrespectueux pour montrer ce qu'il pense de tout cela ?
3 - C’était le temps où Bruxelles changeait
La Commission serait en train de concocter un énième assouplissement des critères de redressement des finances publiques qui permettra à Hollande de continuer à faire de la réforme cosmétique. La bombe de la dette continue de grossir et les terroristes qui l’ont posé portent d’élégants costumes.