Gourous et abus

Publié le 14 janvier 2015 par Anargala
On m'apprend qu'un swami (genre de moine) important de l'organisation de yoga de Satyananda - la Bihar School of Yoga - a été condamné pour acte pédophiles. Un blog résume la situation et appelle au boycott des livres de Satyananda. Un site officiel contient les témoignages des parties en présence. Bien sûr les témoignages d'enfants doivent être entendus avec précautions. Reste que les juges on conclu à la culpabilité de Swami Akhandananda, sans parler des traitements sadiques infligés par d'autres swamis ou swaminis (moinettes).Après Kaustubh Desikachar et ses frasques pseudo tantrique, et après tant d'abus sexuels, d'abus de confiance, d'étalage de fric en grosses liasses et autres coups d'éclat yogiques, on est en droit de se poser quelques questions.A mon sens, et pour aller droit à l'essentiel, le point faible des traditions indiennes est la place qu'elles accordent au gourou. Avec le temps, le gourou est devenu l'élément le plus important de toute vie intérieure, la condition sine qua non du salut, de l'éveil, de la liberté. Je ne dis pas que tous les gourous sont des pédophiles (pas d'amalgame, non non !), mais je dis qu'il y a, dans l'idée même du gourou, de la pédophilie en puissance. En effet, n'est-il pas clair que donner tous les pouvoirs à une personne, c'est ouvrir la porte à tous les abus ? Être en relation avec un ami spirituel, comme on dit dans certains milieux, pourquoi pas ? Mais qu'un individu abdique tout à un autre, c'est de l'idolâtrie, c'est une trahison de la vie intérieure. On me dira que l'abandon au maître extérieur est un habile stratagème pour accéder au maître intérieur et combattre le gros méchant ego. Je crois surtout que c'est un détour dangereux, et inutile. J'ai croisé, durant ma brève existence, de nombreux disciples "dévoués au pieds du maître". Ils étaient plein de leur ego projeté sur le maître, et pas plus éveillés que moi le dimanche après-midi devant Drucker.Le rôle du maître extérieur est de pointer le maître intérieur et de partager la vie qui découle de l'écoute de ce maître intérieur. Ni plus, ni moins.