Prise de conscience croissante dans le monde de la pénurie d'organes
Publié le 14 juin 2007 par Willy
Prise de conscience croissante dans le monde de la pénurie d'organes
PARIS (AFP) - La pénurie de dons d'organes fait l'objet d'une prise de conscience croissante dans le monde, parfois au travers d'initiatives controversées comme la
récente émission de télé-réalité aux Pays-Bas prétendant mettre en jeu un don de rein.
Du Japon au Brésil, les listes de patients ayant besoin d'une transplantation s'allongent, en dépit de situations et de réglementations différentes d'un pays à
l'autre, avec des délais d'attente de plusieurs années pour certains organes. Le rein apparaît comme l'organe dont on manque le plus cruellement, selon les
indications recueillies par les bureaux de l'AFP. Malgré la dialyse, la greffe de rein reste en effet le meilleur moyen de traiter l'insuffisance rénale. Et l'"épidémie mondiale" de diabète (une
des principales causes d'insuffisance rénale) redoutée par les spécialistes pourrait encore aggraver la situation. Il ressort de données issues de 98 pays, que
66.000 reins ont été transplantés en 2005, représentant modestement 10% des besoins estimés, écrit la revue britannique médicale The Lancet dans sa dernière édition. Face au développement de la commercialisation d'organes et du "tourisme de transplantation", qui représenterait près de 10% des transplantations effectuées dans le monde (The Lancet), l'OMS
(Organisation mondiale de la santé) a annoncé en mars dernier la mise en place d'un Forum mondial pour développer de nouvelles lignes de conduites. L'Institut d'urologie et de transplantation de
Karachi, avait alors révélé qu'entre 80 et 85% de toutes les transplantations pratiquées au Pakistan l'étaient pour des raisons commerciales. Quelques jours plus
tard, la Chine, qui a souvent été accusée de se livrer à des trafics d'organes prélevés sur des condamnés à mort, promulguait sa première loi sur l'interdiction du commerce d'organes
humains. D'après des statistiques officielles, près d'un million et demi de patients ont besoin chaque année d'une transplantation en Chine, mais seules 10.000
demandes sont satisfaites. Un chiffre qui placerait néanmoins le pays au 2e rang pour le nombre des transplantations réalisées, derrière les Etats-Unis (14.756 transplantations en 2006).
Au sein de l'Union européenne, où dix personnes dans l'attente d'une greffe meurent chaque jour, Bruxelles a présenté en mai un plan pour encourager les dons d'organes,
proposant en particulier la création d'une carte européenne de donneur. Il y a quelques jours, une émission néerlandaise de télé-réalité a mis en jeu un don de
rein, mais il s'agissait en fait d'un canular destiné à alerter l'opinion sur le manque de donneurs d'organes. La majorité des Européens (56%) seraient prêts à
faire don d'un de leurs organes après leur mort, mais seuls 12% d'entre eux ont une carte de donneur et seuls 41% en ont discuté avec leur famille. Or, dans de
nombreux pays, c'est la famille du défunt qui a le dernier mot. En Australie, qui a un des taux de donneurs les plus bas du monde, la famille s'oppose au don une fois sur trois. En Inde, ce n'est pas tant la pénurie de donneurs qui pose problème que le manque de moyens des patients pour financer la transplantation, souligne le corps médical. Bien
qu'illégal, le commerce d'organes y prospère, près de la moitié des reins transplantés provenant de donneurs rémunérés. Le don d'organes ne rencontre
généralement pas d'objection de la part des confessions religieuses, mais se heurte fréquemment à des barrières culturelles. Ainsi, au Japon, la notion de décès repose traditionnellement sur
l'arrêt cardiaque plutôt que sur l'interruption de l'activité cérébrale. En Chine, on considère qu'un corps doit rester intègre pour garantir le repos de l'âme. Les organes destinés aux transplantations peuvent être prélevés sur des personnes en état de mort cérébrale, ou sur des donneurs vivants pour des organes comme le rein ou une partie du
foie.