CINEMA: Bébé Tigre (2015) de/by Cyprien Vial

Par Bullesdeculture @bullesdeculture
« La république est aussi fragile que forte » : voilà les mots du réalisateur Cyprien Vial à l'avant-première de son premier long-métrage, Bébé Tigre. En ces temps de trouble, le cinéaste livre une œuvre humaniste qui centre sa réflexion autour de valeurs symboliques : l'égalité et la fraternité. En somme, Cyprien Vial décrit avec raison son personnage principal comme « un super-héros sans super-pouvoirs ».
"The republic is as fragile as strong": these are the words of director Cyprien Vial at the premiere of his first feature film, Young Tiger. In these troubled times, the filmmaker delivers a humanistic work that focuses on symbolic values, such as equality and fraternity. In short, Cyprien Vial fairly describes his main character as "a superhero without superpowers". More in English >> (Translation in progress, come bubble later)
Synopsis : Many (Harmandeep Palminder) est un jeune indien émigré de 17 ans. Il vit en France depuis deux ans sans ses parents restés au pays. Bon élève en classe, il découvre les voies de l'adolescence entre première petite amie, potes et projets d'avenir. Cependant, il va devoir se mettre en danger pour subvenir aux besoins financiers de sa famille. Le jeune tombe alors dans l'illégalité.

© Dharamsala & Darius Films

Totalement dans la nouvelle vague du cinéma français, Cyprien Vial est le témoin d'une société riche et plurale. Avec l'appui de Céline Sciamma dans la construction du scénario, le film pourrait former un diptyque avec le Bande de filles (2014) de la réalisatrice, découvert au dernier Festival de Cannes. Là où ce dernier s'appuyait sur le phénomène des jeunes en banlieue, Bébé Tigre met en lumière l'existence des mineurs isolés étrangers (les MIE). On y voit notamment toute la difficulté de l'adolescent à s'insérer dans une société qui n'est pas la sienne. Il bénéficie bien-sûr de la bienveillance des familles d'accueil et de son accompagnateur, mais malgré cela, Bébé Tigre révèle l'incapacité de la France à envisager un avenir viable pour Many. La scène de la rencontre avec la conseillère d'orientation est en soi cinglante lorsqu'elle annonce avec un sang-froid maîtrisé que Many n'aura pas de bourse d'étude. En réaction, on voit sur le visage du jeune interprète toute cette rage face à cette injustice.

© Dharamsala & Darius Films

Face à cette situation inextricable, le sujet s'oriente vers le choix de l'illégalité pour survivre, notamment suite à sa rencontre avec Kamal (Vikram Sharma). Ce passeur d'enfant prend alors le rôle du « paternel » pour le jeune Marny, l'obligeant à accomplir des tâches dangereuses. Cette évolution marque ainsi une réalité de l'emprise des réseaux mafieux sur ces enfants en difficulté. Pour autant, le point de vue de la caméra n'est à aucun moment dans une critique politique. Elle se veut en premier lieu témoin d'une situation complexe sans jugement de valeur.

© Dharamsala & Darius Films

Tranchant avec ces propos très durs, l'ambiance du film est lumineuse, montrant un décor de zone urbaine tout en beauté. La musique, résolument électro, composée par Léonie Pernet, renforce la bienséance de ce milieu dans lequel le spectateur se sent bien.
La mise-en-scène sait largement étonner, notamment dans la manière singulière de filmer une classe de 3ème. En cela, un parallèle doit être fait avec le récent Les Héritiers (Marie-Castille Mention-Schaar, 2013) du fait de cette proximité avec la jeunesse. Enfin, les dialogues, très drôles, font ressentir tout le côté incisif de l'œuvre.
Au final, Cyprien Vial livre un film simple mais efficace qui saura s'immiscer dans la conscience de chacun pour l'apprentissage de la tolérance.
Antoine Corte

En savoir plus :
- http://www.hautetcourt.com/ (le site Internet du distributeur)