Cette fois, l’auteur laisse tomber le bleu et s’attache à une autre couleur chaude, le rouge, d’avantage synonyme ici de violence. Une fois encore, les nuances des tons et le dessin – parfois qualifiés d’oniriques – contribuent largement à charmer le lecteur. La violence largement suggérée, le sentiment d’angoisse ou d’oppression du personnage principal, voire le malaise même du lecteur qui découvre le récit sont autant de sensations déployées par les planches de Julie Maroh. Skandalon est un jeune chanteur, devenu trop rapidement l’idôle d’une génération. Le roman raconte sa déchéance progressive, ses excès : alcool, drogue, sexe, agressivité. Comme pour Le bleu est une couleur chaude, force est de constater que Julie Maroh donne une fois encore dans le cliché d’un monde de rock stars plutôt caricatural. Mais sur le fond, cela importe peu. L’objet du livre n’est pas d’être un témoignage réaliste. En postface, Julie Maroh abandonne ses pinceaux et prend la plume pour nous faire un point – à coup de références universitaires – sur la nécessité des sociétés de désigner un bouc émissaire. Dans ces quelques pages finales, Skandalon prend toute sa dimension et impose une seconde lecture avec un œil plus éclairé.
De mon côté, je retrouve là, de manière complètement impromptue, des thématiques qui me sont chères. Et pour approfondir la question, je m’empresse de noter une des références citées en notes de bas de pages : La violence et le sacré de René Girard.
D’autres avis chez Mokamilla et Mo’.
Cette lecture fait partie de ma liste du Challenge Petit BAC 2015 organisé par Enna.