Dans la conception d’un univers éternel, non crée, le hasard n’a pas sa place quant aux lois et principes fondamentaux qui maintiennent son « être-là ». En effet pour que le hasard joue lors du lancement du dès, encore faut-il qu’existât un dès qui ouvre un champ de possibles. Il en va de même en génétique, encore faut-il des chromosomes préexistants pour que le hasard s’exerce.
Les lois et principes immuables qui structurent l’univers sont donc comparables à cette matérialité du dès ou l’existence de chromosomes qui rendent possible le jeu presque infini des aléas.
Dès lors, si la connaissance humaine est limitée par ce champ vaste des possibles qu’elle ne saurait maîtriser, il en est tout autrement quant au savoir sur les conditions élémentaires qui structurent le hasard. Par exemple, si les combinaisons hasardeuses entre particules donnent naissance à une centaine d’atomes, lesquels se structurent en grand nombre de molécules, encore faut-il que ces particules existent selon des valeurs de masse immuables.
Mais est-ce donc le hasard qui attribue à ces masses une valeur précise ? On pourrait considérer que tel est le cas et que les masses acquises auraient pu être différentes si…Mais comment prouver qu’un autre univers eut été possible ? Comment prouver que le hasard à présidé à sa création ? Et quelles sont les lois de ce champ de possibles qui organise le lancement de ces dès de la genèse ? Comme on le constate, ce questionnement est régressif à l’infini puisque tout hasard suppose l’organisation de conditions où telle ou telle occurrence va s’extraire comme une solution parmi tant d’autres.
Pour ce qui concerne notre univers familier, il se trouve nécessairement une structure de base non aléatoire à l’origine puisque, n’ayant jamais été créé, le jeu du hasard n’a pas eu cours.Les constituants de cette structure première ne peuvent non plus avoir été déterminé chacun aléatoirement puisque fondamentalement interdépendants. Leurs valeurs relatives sont elles-mêmes immuables puisque la variation de l’une entrainerait immédiatement une restructuration de l’ensemble. Ainsi, une variation de la constance de la lumière aurait une répercussion instantanée sur la valeur des masses des particules, sur celle de la constante de Planck, de la charge EM et de l’ensemble des autres constantes qui leur sont rattachées.
L’existence des constances fondamentales est alors la preuve d’une structure immuable, de conditions initiales invariables, qui rendent ensuite possible le jeu du hasard. Ces constantes sont données avec le monde et ne peuvent être elles-mêmes le résultat d’aléas puisque ceux-ci supposent des règles du jeu antérieures et ainsi de façon infiniment régressives. Dés lors elles ne peuvent avoir été créées puisque la présence de ces constantes premières est la condition de l’être présent de l’univers. En effet, leur créationsupposerait l’existence de conditions antérieures, fussent-elles non aléatoires. Pas plus que l’univers puisse surgir du néant – ex nihilo nihil fit- on ne peut décréter que la structuration fondamentale des constantes était potentiellement en attente du monde à venir.
Le dieu (laïque) a « toujours-créé » les dés éternels avec lesquels, au présent, il joue, et se joue des hommes.