Les Nouveaux Sauvages // De Damian Szifron. Avec Ricardo Darin, Oscar Martinez et Leonardo Sbaraglia.
Produit par Pedro Almodovar, ce petit film argentin s’avère être à la fois ingénieux et jouissif. En utilisant le principe des histoires collées les unes aux autres, Les Nouveaux Sauvages se transforme un peu en la 4ème Dimension en Argentine. Ce qu’il y a de réellement intéressant dans ce film c’est le fait qu’il nous raconte plusieurs histoires qui ressemblent à des aventures de la vie quotidienne. Qui ne s’est pas déjà retrouvé dans le rôle de cet homme dont la voiture se trouve enlevé par la fourrière et qui ne comprend pas l’incompétence de pouvoirs publics, toujours prêt à gagner de l’argent de toutes les façons qu’ils peuvent. C’est tout de même assez drôle car l’histoire va forcément prendre rapidement un tournant très dramatique et le but est probablement de nous dire qu’un petit évènement dans la vie de quelqu’un peut finalement nous donner envie de faire des choses terribles. Car si l’on peut faire exploser la fourrière quand on se retrouve déçu par les pouvoirs publics, on pourrait aussi se retrouver dans le cas de cet homme à la belle Audi, face à un homme duquel on a voulu se moquer quelques kilomètres plus tôt par rapport à la poubelle qu’était sa voiture. Je ne vais pas dire le contraire, j’ai déjà plus ou moins fait ça (sans pour autant crever et le retrouver dans la situation qu’ils vont vivre).
L'inégalité, l'injustice et l'exigence auxquelles nous expose le monde où l'on vit provoquent du stress et des dépressions chez beaucoup de gens. Certains craquent. Les Nouveaux sauvages est un film sur eux.
Vulnérables face à une réalité qui soudain change et devient imprévisible, les héros des Nouveaux sauvages franchissent l'étroite frontière qui sépare la civilisation de la barbarie. Une trahison amour, le retour d'un passé refoulé, la violence enfermée dans un détail quotidien, sont autant de prétextes qui les entraînent dans un vertige où ils perdent les pédales et éprouve l'indéniable plaisir du pétage de plombs.
Tous les sketchs de ce film ne sont pas forcément réussis mais ils ont tous quelque chose d’intéressant. Le dernier est peut-être mon préféré, cette histoire de mariage qui tourne mal à cause d’une tromperie était brillant. Cela donne des scènes complètement barrées, n’ayant pas forcément de grand sens mais ce n’est pas bien grave car de toute façon ce n’est pas du tout ce qu’il y a de plus important. Quand on regarde Les Nouveaux Sauvages on ne cherche pas un film cohérent mais simplement un film suffisamment amusant et divertissant. Le résultat est au rendez-vous, surtout quand on voit à quel point les scénaristes savent très bien dans quelle direction aller. Le film a aussi des défauts et notamment celui d’enchaîner les sketchs. L’enchaînement n’est pas forcément aussi bon que l’on aurait pu le souhaiter. On a parfois l’impression de tomber d’un moment à un autre sans transition. Mais c’était probablement la volonté du metteur en scène argentin. La scène d’ouverture du film m’a laissé perplexe car dans ma tête j’imaginais déjà la suite du scénario et ce à quoi Les Nouveaux Sauvages pouvait ressembler. Je n’avais pas lu le résumé du film ni vu aucune bande annonce. Je savais juste que l’on n’a dit : « Va le voir, tu vas aimé »
Pour le coup, on ne s’est pas trompé. Les plusieurs segments de ce film gardent une certaine cohérence grâce à la mise en scène de Damian Szifron. Ce dernier donne donc à son film une certaine cohérence entre les scènes visuellement. Mais l’ouverture du film a beau souffler le spectateur, c’est probablement l’un des sketchs les plus raté de tout le film. Le second n’est pas forcément réussi non plus bien qu’il reprenne pas mal de références à des films de mafia italienne ou encore à des films comme Sweeney Todd pour ne prendre que cette référence. D’autres histoires sont référencées comme par exemple la suivante pour Duel, une autre qui semble avoir pour référence des films dont je n’ai même plus le nom en tête. Mais on ne cherche pas les références, elles tombent juste devant nous quand on pense à des références. Le film reste donc un plaisir couple que j’ai tout simplement adoré. Je comprend que Pedro Almodovar soit tombé sous le charme, on y retrouve un peu son génie et sa folie noire parfois dans un film qui finalement reste bien plus simple tant l’enchaînement de sketchs est plus facile que de raconter une histoire d’une heure et demie.
Note : 8/10. En bref, un excellent film à sketchs, inventif et jouissif.