Pourquoi la liberté ne devrait pas tuer ?

Par Jeuneanecdotique
13 janvier 2015

Je ne vais pas faire dans l'originalité, je vais vous parler aujourd'hui du massacre commis dans les locaux de Charlie Hebdo il y a maintenant une semaine, ceux-là même qui ont entraîné prise d'otages conduisant à la mort de certains civils innocents.

Vous vous doutez bien, je suis fâchée. Il m'a fallu une semaine pour me décider à écrire là dessus. Je n'ai été, pendant plusieurs jours, que tristesse. Je ne sais pas forcément pourquoi j'ai été aussi chamboulée, au point de ne penser qu'à ça, de ne plus rien oser faire de "futile" par respect pour les victimes de la tuerie... Une chose est sûre et les derniers jours l'ont prouvé, je suis loin d'être la seule.

Déjà, pour ne parler que des deux guignols qui ont commis l'attentat dans un premier temps : je n'en peux plus de cette place qu'a la religion dans notre vie, au point de pouvoir nous donner la mort. Je suis moi-même chrétienne, croyante, j'ai longtemps détesté qu'on insulte mon Dieu... Et puis quoi ? Je n'ai jamais tué personne, promis juré craché. Je suis même sortie quatre ans avec un homme qui disait de Dieu qu'Il était un gros connard, et encore, s'il existait ! J'ai survécu, ne vous en faites pas. Comment j'ai fait? Soit on est mature, et on supporte sans faire de caca nerveux, voire on discute posément de tout ça. Soit, on ignore, on se barre, on n'écoute pas, on arrête pas de fréquenter la personne en question, bref, on fait tout sauf TUER LA PERSONNE, merde !!!

Je ne comprends décemment pas comment on peut se dévouer à un Dieu au point de perdre de vue tout ce qu'il est censé nous inspirer. Dieu, n'est-ce pas la paix, la tolérance, le "tu ne tueras point ton prochain"? Ou alors ils ont tout compris à l'envers, ou alors leurs actes n'ont dans le fond aucun rapport avec la religion. Ce ne sont que des brutes sauvages et débiles qui ont trouvé une excellente excuse pour tuer des gens qui les gênent, sachant pertinemment que l'excuse du "oui, mais il a insulté notre prophète" rallieraient à leur cause pas mal d'ignorants fanatiques. La preuve que la religion, dans le fond, ils s'en foutent un peu mon neveu : ils ont tué un flic qui n'a jamais rien fait à leur Dieu.

Une des choses qui me choquent dans toute cette tragédie, c'est qu'on doive justement parler de tout ça. Qu'on doive justement auprès de bien trop de personnes admettre que certes c'est mal de se moquer d'un prophète... A croire que pour certains, la question fondamentale est : ont-ils bien fait de tuer les journaslites de Charlie Hebdo ?

Mais putain comment osez-vous ne serait-ce que vous poser la question ? Est-ce si important que cela face à la vie d'innoncents? Vous êtes au courant que ces journalistes n'ont jamais tué personne, qu'ils avaient des familles et des personnes qui les aimaient de tout leur coeur ? On s'en fout de votre foutue liberté d'expression qui doit avoir des limites, et blablabla. On parle de plusieurs existences qui se sont achevées par quelques coups de feu tirées par deux grosses andouilles indignes de torcher le cul du plus pourri d'entre nous.

Quand je vois toutes les personnes qui disent que c'est triste, mais qu'ils auraient dû fermer leur gueule, que c'est limite bien fait, que ça leur apprendra à se moquer de Mahomet, je suis comme ça :

Vraiment.

Charlie Hebdo a publié ceci :

Hé mais il parle de la Bible ? Il parle de ma religion à moi, là? Et il ose le mettre en premier, en plus? Bazooka direct, attends !!! Puis en plus, mon Dieu il est tout puissant, mais il a à tout prix besoin de moi, petite mortelle insignifiante, pour que son honneur soit sauf... Si, j'te jure...

Plusieurs personnes m'ont dit directement à moi que quand même fallait voir ce qu'ils publiaient. Ouais, et alors ? Si t'es pas content, tu portes plainte. Je n'ai pas porté plainte pour atteinte à ma religion, car j'ai d'autres priorités, pas que ça à foutre, et qu'ils ne m'obligeaient en rien à lire leurs journaux. Si tu portes pas plainte... Ben, tant pis pour toi.

Nous sommes tous libres. Ils étaient libres de s'amuser à se moquer de tout et n'importe quoi (ils ont donné leur vie pour ça, et je me demande encore si ça valait la peine dans ce monde d'ignorants), mais nous étions tous libres de les ignorer, de ne pas les lire. La preuve, je ne les lisais pas. En admettant que je sois une grosse psycopathe qui n'a pas de vie, ça m'a peut-être évité des pulsions meurtrières, alors l'indifférence, ce n'est pas mal, non ?

J'ai longtemps pensé que la liberté d'expression s'arrêtait là où on commençait à vexer les autres. Cela fait un petit bout de temps que j'ai changé d'avis. A mes yeux, on vexera toujours quelqu'un. Nous ne serons jamais tous d'accord, à valeurs égales et opinions similaires. C'est impossible. Ce n'est pas pour ça que l'on doit tous fermer notre gueule, craindre les représailles à la moindre blague ou parole un peu critique.

J'ai déjà vu un magazine traiter les personnes obèses de "libidineuses feignasses avec un paquet de pepito" (Biba, il me semble), eh bien... Je me suis énervée dans mon coin. J'ai arrêté de les lire quelques temps. Et ça s'est arrêté là. J'ai vu une caricature de Charlie Hebdo qui représentait le Saint-Esprit dans un trou du cul... Et... Et... RIEN. Si je crois réellement à ma religion, je n'ai pas besoin que les autres y croient également pour vivre en paix. Je n'ai pas besoin que les autres la respectent. L'important, c'est plutôt que moi je la respecte pour me sentir bien.

Alors ceux qui aiment bien partir dans le débat de l'irrespect dont faisait preuve l'équipe de Charlie Hebdo, il fallait vous réveiller avant et porter plainte. Ce n'est pas maintenant qu'ils ont été sauvagement assassinés qu'il faut vous pencher sur leurs dessins pour dire qu'ils l'ont peut-être un peu cherché. J'en ai rien à foutre qu'ils l'aient cherché, moi j'ai juste trop de peine pour ces vies détruites par deux connards qui n'auront jamais rien apporté de bien à notre société.

Je suis fâchée, et blasée. Je perds peu à peu espoir.

Et je transmets mes condoléances les plus sincères aux familles et proches des victimes. Ce ne sont pas juste des journalistes qui sont morts, ce sont des personnes. Des personnes. Ceux qui trouvent leur mort méritée, vous devriez y penser. Aussi cons  que vous soyez (oui, car souhaiter la mort de quelqu'un, c'est pas bien, je vous apprends peut-être quelque chose ?), vous êtes tout de même des personnes et vous n'aimeriez pas que je vous tue car je vous trouve abominablement cons. Votre maman n'aimerait pas non plus. C'est tout.

Je nous souhaite bon courage pour nous relever de tout ça.

Ils auront au moins fait un heureux, n'est-ce pas ;)

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