Sonia Delaunay, née Sophie (ou Sara) Stern née le 14 novembre 1885 à Gradzihsk (Ukraine) et morte le 5 décembre 1979 à Paris, est une artiste peintre, naturalisée française grâce à un premier mariage avec Wilhelm Uhde en décembre 1908.
À l'âge de cinq ans, Sonia est adoptée par son oncle Terk qui est avocat à Saint-Pétersbourg, à la demande de son oncle lui-même. La mère de Sonia n'a tout d'abord pas accepté l'adoption complète, elle a seulement confié à Henri Terk l'éducation de l'enfant de trois ans. Deux ans plus tard, définitivement adoptée par les Terk, Sonia vit dans un milieu cultivé. Elle passe ses vacances en Finlande où l'oncle a une maison, en Suisse, en Italie, en Allemagne.
Son oncle possède une belle collection de tableaux qui attire l'attention de Sonia. C'est son professeur de dessin du lycée de Saint-Pétersbourg qui conseille à sa famille de l'envoyer étudier à Karlsruhe. Elle arrive en Allemagne en 1903 et étudie le dessin avec le professeur Schmidt-Reuter pendant deux hivers. Au cours de ses vacances en Finlande, elle découvre le livre de Julius Meier-Graefe consacré à l'impressionnisme « qui lui donne envie de vivre au pays où son nés les Canotiers et le Bal du moulin de la Galette d'Auguste Renoir. »
1907 - Portrait de Philomène
Quand elle arrive à Paris en 1905, Sonia a à peine vingt ans. Elle s'installe dans une pension au quartier latin avec quatre jeunes filles russes. Elle suit les cours de l'Académie de La Palette à Montparnasse où enseignent cinq maîtres néo-classiques qui corrigent l'un après l'autre les toiles des élèves, ce qui selon Sonia, crée une confusion dans leur esprit. Elle préfère donc s'en écarter. Elle travaille seule, et elle part à la découverte de Paul Gauguin, Pierre Bonnard, Vuillard, André Derain. Ces peintres ont fondé un nouveau style : le fauvisme qui l'enthousiasme, mais qu'elle veut dépasser.
La période fauve de Sonia est très importante . Elle y laisse éclater son goût des couleurs vives. Pendant les années 1907-1908, Sonia prend également des leçons de gravure avec le peintre Grossman et qui lui présente le collectionneur et galeriste allemand, Wilhelm Uhde. C'est dans la galerie de Uhde qu'elle rencontre Robert Delaunay.
En 1908, Sonia a sa première exposition personnelle à la galerie Uhde. Wilhelm et elle décident de faire un « mariage amical » (mariage blanc). Ils se marient le 5 décembre 1908 et elle est naturalisée française.
À partir de cette période elle commence ses premières « tapisseries-broderies ».
Ayant divorcé de son premier mari, Sonia épouse Robert Delaunay le 15 novembre 1910. Le 8 janvier 1911, naît leur fils Charles. Le couple vit dans un enthousiasme bouillonnant : la naissance du bébé ne les empêche pas de créer, l'enfant étant, selon Sonia, très calme. Robert et elle peuvent travailler librement.
1938 - Rythme
Pendant les premières années du mariage, le couple mène une vie très au-dessus de ses moyens. Une tante de Sonia lui verse une petite rente, la mère de Robert, qui en avait promis autant ne peut le faire, car elle n'a plus un sou. Cela ne les empêche pas de recevoir beaucoup de gens, des poètes, des peintres et en particulier Madame Epstein qui leur fait connaître Vassily Kandinsky.
En 1911, Sonia réalise sa première œuvre abstraite avec du textile. C'est une couverture pour son fils Charles : un assemblage de coupons de diverses couleurs vives, dans la tradition ukrainienne. Elle joue avec les couleurs des tissus comme dans sa peinture. Par ailleurs, Sonia continue à jouer avec les couleurs pour des collages, des reliures de livres en papier appliqués et en déchets de tissus. Elle peint aussi des coffrets, des abat-jour et des voilettes simultanées.
Au printemps 1912, les Delaunay s'installent dans la vallée de Chevreuse. Robert travaille à la série Fenêtres tout en faisant des recherches sur la peinture pure. Il rédige alors le texte-manifeste La Lumière tandis que Sonia peint ses premières toiles de contrastes simultanés. À l'automne, Apollinaire leur présente Blaise Cendrars pour lequel Sonia réalise une première reliure peinte qui servira de point de départ au premier livre simultané La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France qui est présenté l'année suivante, et qui bénéficie d'un très large écho en 1913. Le livre est exposé simultanément à Paris, Londres, New York, Pétrograd, ainsi qu'au premier salon d'automne de Berlin, où il est accompagné des tableaux et des affiches de Sonia.
La carrière de Sonia est maintenant lancée. Sa peinture se développe de concert avec celle de Robert. Le couple mène par ailleurs une vie agréable. Tous les jeudis ils se rendent au bal Bullier, à Montparnasse. Le « beau monde » s'y mêle aux midinettes. C'est là que Sonia porte ses premières robes simultanées et Robert un costume du même style conçu par sa femme. Les Delaunay font sensation en dansant le tango. Mais c'est surtout à partir de 1923 que les robes de Sonia vont connaître un engouement sans précédent. Guillaume Apollinaire fait du couple de véritables stars. Dans un article, le poète écrit : « Il faut aller voir à Bullier, le jeudi et le dimanche, Mr et Mme Robert Delaunay, peintres, qui sont en train d'y opérer la réforme du costume. L'orphisme simultané a produit des nouveautés vestimentaires qui ne sont pas à dédaigner. »
Matra peinte par Sonia
En août 1914, la femme du directeur des chemins de fer français entraîne les Delaunay en Espagne. Ils étaient alors en vacances à Fontarabie. Sonia considère ce séjour, qui va durer sept ans, comme de grandes vacances. À Madrid, ils partagent un appartement avec cette femme et ses enfants. En 1915-1916, le couple s'installe au Portugal où les entraînent le peintre américain Samuel Halpert et le portugais Eduardo Vianna, puis à Vigo en Espagne. Pendant toute cette période, Sonia, éblouie par les couleurs, développe les applications décoratives de l'art simultané (robes, objets, décors). Elle peint aussi des toiles.
Leur volonté délibérée de créer le mouvement par le contraste des couleurs les prédisposait à se tourner vers la danse et le ballet théâtral. Par ailleurs le couple cherche des applications à ses découvertes en arts décoratifs.
C'est de la rencontre avec Diaghilev que naît l'inspiration. Diaghilev décide de reprendre le ballet Cléopâtre déjà présent à Saint-Péterbourg en 1908 sous le titre Nuit d'Égypte. Diaghilev aime beaucoup l'emploi de la couleur comme élément dramatique, il propose aux Delaunay de collaborer avec lui. Robert réalise des maquettes pour les décors et Sonia des costumes. L'expérience théâtrale des Delaunay se poursuit avec Léonide Massine pour lequel Robert esquisse les décors du ballet Football (1918) et plus tard, pour le ballet Le Triomphe de Paris (1928-1929). Sonia conçoit les costumes du ballet Les Quatre saisons, et ceux de l'Aida de Giuseppe Verdi.
Sonia ouvre à Madrid la Casa Sonia qui a beaucoup de succès. L'artiste devient la décoratrice attitrée de l'aristocratie espagnole. En 1919, elle refait entièrement la décoration du Petit Casino de Madrid et crée les costumes de la première revue qui y est présentée. Cette même année, Robert et Sonia exposent conjointement leurs œuvres à l'Asociacion de artistas Vascos de Bilbao. Dans cette même ville, un défilé de mode des créations de Sonia au Majestic Hall est organisé.
À partir des années 1920, sans abandonner la peinture qui lui sert de moteur, Sonia met toute l'énergie de ses recherches dans le costume. Robert et Sonia reviennent à Paris en 1920.
La grande aventure des robes commence en 1923, lorsqu'un soyeux de Lyon commande à Sonia des dessins de tissus simultanés. Elle fait cinquante dessins, avec des rapport colorés et des formes géométriques pures. Elle pense qu'il est préférable de les imprimer elle-même ce qui l'amène à se lancer dans la production et à ouvrir une boutique, un atelier de couture, une maison de tissu, avec des vitrines, des dépliants publicitaires. Le 24 mai 1924, Sonia présente, à la Soirée du Claridge où l'ancien Corps des Pages de Russie donne un bal de bienfaisance, un défilé de mode avec des costumes illustrant un poème de Joseph Delteil La Mode qui vient. Mais son plus grand triomphe a lieu l'année suivante, lorsqu'elle installe une boutique simultanée avec le concours du couturiers Jacques Heim pour l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de 1925. Elle a décoré la boutique et des mannequins présentent ses modèles. Le Tout-Paris se presse aux portes de la boutique.
Sonia crée des robes assorties aux voitures ou l'inverse. En 1924, elle crée une Bugatti simultanée : la Bugatti Type 35. En 1925, elle-même conduit une Citroën B12 qu'elle a décorée des motifs assortis à ses jupes, robes et manteaux. Et dans les années 1960, c'est la Matra 530 qu'elle va décorer.
En 1930, les effets de la crise économique américaine se font sentir en France. Sonia décide de fermer son atelier et de se consacrer à la peinture. Sonia s'associe à Robert dans les recherches tous deux collaborent dans ce que Sonia nomme le « combat pour l'art abstrait ».
Les affiches lumineuses vont devenir un nouveau sujet de recherche pour le couple à partir de 1935, grâce aux lampes « Mica-tubes » qui ouvrent de grandes de possibilités pour les artistes d'avant-garde. En 1935, les Delaunay, qui ont un stand au « Salon de la lumière », y déploient des disques et rubans lumineux ».
Le projet d'affiche de Sonia pour le papier à cigarette Zig-Zag est un des projets d'affiches lumineuses qu'elle réalise. Elle en propose d'autres : Projet d'affiche lumineuse pour les couleur Linel et Projet d'affiche Mica-tube, un ruban de lumière.
Léon Blum souhaite que l'avant-garde soit présente à l'exposition internationale de 1937. Il confie la décoration du Palais des chemin de fer et du palais de l'air à Robert et Sonia.
La dernière œuvre commune des Delaunay a été d'organiser le premier salon d'art abstrait : Les Réalités Nouvelles à la galerie Charpentier en 1939. Mais Robert est déjà affaibli par la maladie. Il meurt le 25 octobre 1941 à Montpellier.
De 1941 à 1944, Sonia s'installe chez des amis à Grasse. Elle réalise des lithographies, mais aussi des gouaches, et commence une compilation du travail de Robert. Elle veut mettre en valeur son œuvre qui n'a pas été appréciée à sa juste valeur.
Elle expose en 1945 à Paris, à la Galerie René Drouin avec le groupe Art concret de Theo van Doesburg. Et elle prend contact avec Louis Carré avec lequel elle organise à la fois une rétrospective Robert Delaunay en 1946, et le deuxième Salon des réalités nouvelles.
Son œuvre, à partir de là, redevient abondante, et son activité augmente. En 1947, elle crée ses premières études pour L'Alphabet avec des comptines de Jacques Damase, elle expose l'année suivante avec Sophie Taeuber à la galerie des Deux Iles, et en 1949 elle participe au IVe Salon International de l'Art Mural. Elle obtient enfin un hommage à Robert à la galerie Maeght en 1949 intitulée : Les premiers maîtres de l'art abstrait. En 1955, Sonia obtient enfin ce qu'elle veut : Robert est reconnu comme un des tout premiers peintres de son époque. Le Musée Solomon R. Guggenheim lui consacre une grande exposition, qui va aller les mois suivants à l'Institute of contemporary art de Boston, puis la même année, au Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain de Liège et au Musée des Beaux Arts de la Ville de Paris. Mais Sonia ne néglige pas ses propres travaux.
Sonia Delaunay est la première femme à avoir eu, de son vivant, une rétrospective au Musée du Louvre (1964)
D'après Wikipédia