L’écoute de la parole par l’enfant est déjà documentée comme le fondement de l’apprentissage du langage. Cet examen de la littérature suggère que l’écoute de la parole façonne aussi ses capacités cognitives et sociales fondamentales. Les conclusions, présentées dans la revue Trends in Cognitive Sciences révèlent ainsi un lien intime et puissant, dès le début de la vie, entre la parole et la cognition humaine permettant de guider l’acquisition des processus psychologiques fondamentaux.
On savait que l’exposition du nourrisson à la parole humaine dans la première année de vie favorise l’acquisition du langage et la formation de la parole. Le philosophe et linguiste Noam Chomsky a fait valoir que les bébés naissent avec ce don inné du langage. Les études ont évalué à 40 à 80 mots le vocabulaire d’un enfant de 18 mois, un vocabulaire qui se développe à 2.000 mots à l’âge de 5 ans.
Citons aussi cette toute récente étude de l’Université of Washington (UW) qui confirme qu’encourager le babillage du bébé lui permet un apprentissage plus rapide du langage. Prendre le temps de parler à son bébé en tête-à-tête est donc une clé du développement du langage.
Mais cette étude va plus loin en suggérant que l’écoute de la parole permet aussi de façonner les capacités cognitives et sociales fondamentales du nourrisson. Un effet développement social qui a déjà été documenté par une étude de la Northwestern University qui montre comment le langage, même encore incompris, permet au nourrisson de déchiffrer les intentions de ses parents et de son entourage ainsi que les comportements dignes d’être partagés et donc reproduits.
Ainsi, bien plus tôt qu’on ne l’imaginait jusqu’ici, il se forge un lien intime et puissant entre la parole et la cognition humaine qui va guider le développement du nourrisson et l’acquisition d’un certain nombre de processus psychologiques fondamentaux.
Parler aux bébés renforce leur capacité à apprendre mais aussi à se faire des amis, démontre cet examen de la littérature, interprété par ces psychologues américains des Université de New York et Northwestern. Une conclusion intuitivement déjà partagée par de nombreux parents qui parlent régulièrement avec leur enfant et qui y voient de nombreux bénéfices, en particulier en renforcement du lien parents-enfant. Cet examen met ainsi en avant des preuves de nouveaux bénéfices liés à l’écoute de la parole dont,
- La reconnaissance de modèles visuels et verbaux, et donc d’indices contextuels,
- la capacité à catégoriser des objets externes et donc de pouvoir commencer à les différencier,
- la capacité à identifier les personnes avec lesquelles il est important de communiquer,
- les premières capacités d’interaction sociale,
- et le développement d’une cognition sociale comportant une capacité d’interprétation, de reconnaissance et de réponse adaptée au contexte émotionnel.
L’idée qu’en grandissant, les bébés favorisent la parole humaine sur les autres modes d’expression est également documenté par les psychologues, qui expliquent ce développement par la réponse spécifique des cellules nerveuses à la parole humaine, par rapport à d’autres sons ou signaux, et la construction d’une activation de certaines zones du cerveau au fur et à mesure de l’apprentissage des règles de la langue comme la compréhension des structures grammaticales répétitives et des syllabes.
Avant de commencer à parler, les bébés sont déjà bien à l’écoute de la parole, conclut cet examen. L’écoute de la parole permet l’acquisition des capacités cognitives fondamentales des nourrissons qui commence par une préférence naturelle pour l’écoute de la parole, puis se transforme en un mécanisme naturel puissant d’apprentissage sur les objets, les événements et les personnes présentes dans l’entourage de l’Enfant.
Les chercheurs appellent donc à des recherches supplémentaires sur les processus cognitifs et sociaux qui sont et ne sont pas facilités par la parole et les mécanismes sous-jacents à ces apprentissages. En conclusion, cet examen commence à documenter la corrélation entre l’écoute de la parole, celle des parents et des proches, mais aussi celle des soignants et éducateurs et le développement de la cognition et de la communication chez l’Enfant. De premières preuves à méditer, qui ont d’importantes implications pour tous ceux qui vivent auprès d’enfants, et dont la parole est non seulement de nature à renforcer les liens mais aussi à contribuer, ou non, au bon développement de l’enfant.
Source:Trends in Cognitive Sciences November 7 2014 DOI: doi.org/10.1016/j.tics.2014.10.001Listen up! Speech is for thinking during infancy (Visuel@milanmarkovic78 – Fotolia.com)
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