En 2003, l’un des frontman les plus célèbres et adulés de tous les temps sortait, enfin, de l’ombre artistique de Martin Gore.
En effet, au sein de Depeche Mode, et suite au départ de Vince Clarke après seulement un album, un certain Speak And Spell (sorti en 1981), ce sera Martin Gore qui prendra en charge l’écriture quasi-intégrale des chansons du groupe, soit musique et parole. Les autres membres ne s’occupant que de « miettes ». C’est une image forte, mais finalement plutôt proche de la réalité. Cela explique assurément en grande partie le pourquoi du départ d’Alan Wilder en 1995 après Songs Of Faith And Devotion, alors qu’il avait intégré le groupe en 1982, justement suite au départ de Vince Clarke.
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Paper Monsters, sorti donc plus de vingt ans après les débuts de Depeche Mode et après pas moins de 10 albums studio, va initier un nouveau versant aussi attendu qu’espéré pour Dave Gahan : celui de songwriter. Certes, il ne travaillera pas seul, Knox Chandler coécrivant l’album avec lui.
Pourtant, même si d’une certaine façon il travaille en dehors de son groupe, il ne s’agit nullement de s’en écarter radicalement. La preuve la plus flagrante de cela est la présence d’Anton Corbijn derrière tout l’ensemble artistique. De plus, une grande partie des clichés illustrant la pochette ont été pris à Madrid, où Depeche Mode avait déjà travaillé auparavant.
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Peut-être grâce à cette preuve de son savoir-faire, Dave Gahan va, chose tout à fait exceptionnelle, finir par écrire et composer des titres, mais toujours pas seul, qui seront retenus pour le onzième album du groupe de Basildon, Playing The Angel. Ainsi, ce sont trois titres sur douze : « Suffer well », « I want it all » et « Nothing’s impossible ».Difficile à croire à l’époque, mais le résultat est bluffant au point de ne pas pouvoir deviner que ce ne sont pas des titres de Martin Gore, pour sûr la production de l’album a travaillé sur cela. Pour ma part, ils font même carrément partie de mes préférés sur le disque.
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Fort de tout cela, Hourglass sortira en 2007, les dix titres de ce second solo de Gahan étant encore une fois écrits avec l’aide de Christian Eigner et Andrew Phillpot, déjà coécrivains avec lui pour Playing The Angel. Pour le coup, le trio produit carrément l’album. Anton Corbijn ne lâchant plus le groupe depuis les années 80, il ne semble pas prêt de lâcher non plus Gahan sur ce second opus._
En 2009, soit toujours sur le rythme d’un nouveau disque tous les deux ans, c’est Sounds Of The Universe qui voit le jour. Le trio Gahan/Eigner/Phillpot impose trois nouveaux titres : « Hole to feed », « Come back », « Miles away/the truth is ».Pour les chanceux, comme c’est mon cas, une nouvelle surprise attendaient ceux qui se procurèrent la version deluxe, avec cinq titres supplémentaires de Depeche Mode. Et, en effet, pour la première fois depuis près de trente ans, c’est carrément à une collaboration entre Gahan et Gore à laquelle on a droit grâce à la publication de « Oh well ». Pour être exact, il s’agit d’un titre de Gore sur lequel Gahan a posé par la suite des paroles. Pour une première, « Oh well » est une énorme réussite. Qu’ils n’ont pas osé inclure dans un album, mais c’est un début.
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Ensuite, il faudra attendre trois ans pour quelque chose de nouveau, et le résultat est conséquent.Initialement, le projet était que Gahan participe à quelques morceaux du quatrième album des Anglais de Soulsavers. Pour finir, il en a écrit l’intégralité des textes, soit dix titres (il y a aussi deux instrumentaux sur The Light The Dead See, en introduction et en intermède).
Une collaboration magnifique, qui pourrait presque se voir couronner du titre de troisième album solo de Gahan. Mais ce serait oublier tout le travail de composition et production du duo formé par Rich Machin et Ian Glover. C’est donc bel et bien un album de Soulsavers, en collaboration avec Gahan, et non le contraire.
À ce jour, la dernière page de Dave Gahan comme auteur-compositeur réside dans Delta Machine et ses cinq nouvelles compositions. Mais cette fois-ci, c’est avec l’aide de Kurt Uenala qu’il publie « Secret to the end », « Broken », « Should be higher », « Happens all the time » et « All that’s mine ». Et pour la troisième fois consécutive, l’une de ses compositions a été choisies comme single.Bien sûr, et ce n’est dorénavant plus une surprise, il y a un sixième titre à ne pas à ajouter à la liste, en l’occurrence une seconde collaboration entre Gahan et Gore intitulée « Long time lie ».
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Depuis plusieurs mois déjà, il existe une rumeur lancée par l’intéressé lui-même, qu’il y aurait un second album avec Soulsavers sur les starting-blocks qui, avec de la chance, pourrait être publié cette année ou en 2016. Et vu la qualité du dernier Depeche Mode, cumulée à l’intensive activité créatrice de Gahan, on a encore quelques années de bonheur devant nous avec lui, quelles que soient les personnes qui l’aident.
(in heepro.wordpress.com, le 13/01/2015)