J’ai jamais discuté avec un végétalien (vegan in english). Curieux quand on sait que je suis moi-même végétarien (veggie, ne pas confondre) depuis une douzaine d’années. La faute à quoi, à qui? Je ne sais pas trop, mis à part le fait que ces différents régimes alimentaires ne sont pas très répandus en France et l’étaient encore moins il y a 10/12 ans.
En ce temps-là, on se cachait dans les caves pour manger nos légumes préférés. On récupérait des carcasses de poulet dans les poubelles des voisins pour les accrocher à nos fenêtres et faire croire à tous les omnivores assumés qu’on était encore des leurs. Et à table, au boulot, on disait qu’on essayait de se limiter à manger de la viande 2 fois par jour, au petit-déj et le soir. Mais les gens n’étaient pas dupes et ont commencé à comprendre qu’à l’évidence tous ces gens devaient souffrir d’un mal mystérieux et que la nourriture devenait, de fait, un sujet tabou. C’était comme ça avant (ou presque).
Nous voilà en 2015 et tous ces régimes se démocratisent. De plus en plus de personnes prennent conscience que l’acte de se nourrir, devenu machinal, constitue bien évidemment le geste santé numéro un. Vous avez déjà essayé de mettre du diesel dans une voiture essence? Eh bah notre corps c’est tout pareil. On lui donne des trucs dégueus, il va créer de la graisse, du cholestérol, du diabète… Donnez-lui de la qualité et il vous en saura gré.
Certaines personnes poussent le raisonnement un peu plus loin et éliminent de leur diète certains aliments. Si vous ajoutez à ça des considérations éthiques, environnementales, etc. vous vous retrouvez un jour à ne plus vouloir (et ne plus avoir envie dans mon cas) manger de viande ni de poisson. Certains vont même jusqu’à supprimer tous les aliments d’origine animale. Dans le premier cas, on est qualifié de végétarien, dans le 2e de végétalien.
Ces régimes, a priori restrictifs, ne sont pas sans poser un certain nombre de questions aux curieux, notamment aux sportifs qui souhaiteraient limiter leur consommation de chair animale. Est-ce que je ne risque pas d’être carencé? Je risque de manquer de fer, non? En plus, je n’aurais plus d’apports en protéines, je risque de me retrouver avec les cuisses de Math. Nooooonnnn!!! Eh bien rassurez-vous, oui, on peut être veggie ou vegan et terminer un marathon (je sais de quoi je parle), voire plus.
Si le sujet vous intéresse, je vous conseille la lecture du livre de Matt Frazier « Se nourrir, marcher, courrir Vegan » aux éditions Hugo & Compagnie. Autant vous le dire tout de suite, il y a quelques bizarreries, probablement liés à la traduction. En intro, l’auteur raconte ainsi que pour se qualifier pour le marathon de Boston, il devait réaliser lors d’une autre course un temps inférieur à 3h11, soit une moyenne au km de 4mn52. Ceux qui ont déjà couru un marathon verront tout de suite qu’il y a un hic. Pour les autres, dont les éditeurs, sachez qu’une moyenne de 4mn52/km donne un temps final de 3h25. Je sais, je pinaille mais quand même. Le souci dans la conversion des temps au kilo se confirme un peu plus loin quand Matt nous indique qu’il a bouclé plusieurs kilomètres à une moyenne de 4mn66…
En-dehors de ces quelques bizarreries, l’auteur du blog Nomeatathlete parvient assez bien à associer régime alimentaire excluant tout aliment d’origine animale et pratique sportive. Un pari ambitieux je trouve.
La première partie permet de comprendre comment une alimentation variée permet un apport en nutriments et en calories suffisant pour combler nos besoins journaliers. Le lecteur apprend également que les protéines végétales existent et se substituent sans difficultés aux protéines animales. Le secret est dans la diversité. 58 recettes viennent illustrer son propos et donner quelques idées à ceux qui voudraient franchir le pas. J’ai tenté le brownie aux haricots noirs et je dois reconnaître que c’était franchement pas mal. Pour les autres recettes, moi ça me tente mais pas sûr que ça donne envie aux carnassiers. A voir…
Différents témoignages viennent également conforter le raisonnement de l’auteur et illustrer le fait qu’on peut être sportif et haut, voire très haut, niveau tout en étant végé (-taliens ou -tariens). Un dernier chapitre est consacré à la course à pied. Il y a quelques principes intéressants qui sont rappelés mais l’auteur s’adresse clairement à des coureurs débutants. L’objectif est plus d’apprendre à courir 5km d’affilée que d' »acquérir force, vitesse, endurance » comme on nous le vend sur la couv’.
Globalement, Matt Frazier explique bien que c’est dans la variété que l’on trouve l’équilibre. C’est en variant notre alimentation que l’on sera plus fort, en meilleure santé. Je suis personnellement d’accord avec ce raisonnement et je vais même jusqu’à dire qu’on ne doit pas nécessairement supprimer la consommation de viande ni de poisson. Je pense que l’un comme l’autre, de bonne qualité et consommés avec modération, peuvent être profitables à notre organisme. Mais ce que je peux également dire avec certitude, et là je rejoins tout à fait Matt, c’est que leur consommation n’est pas indispensable.
En résumé, un bouquin intéressant même pour un végétarien expérimenté comme moi. Si vous êtes dans une logique de remise en forme totale, incluant diminution de votre consommation de viande et de poisson, tout en reprenant une activité sportive mais que vous ne savez pas comment vous y prendre, foncez. Si vous cherchez juste à comprendre ce qu’est le végétalisme, comment ça marche et comment on peut avoir une pratique sportive régulière compatible avec ce régime, allez-y. Si en revanche vous cherchez des plans d’entrainement d’un niveau confirmé, voire expert, avec des conseils nutritionnels végés selon les niveaux, passez votre chemin. C’est finalement ma principale déception, espérons qu’il y ait un 2e tome.