C'est une jeunesse bien triste que nous raconte Silvia Avallone dans ce roman. Une jeunesse piégée dans une banlieue grise aussi vétuste et insalubre que l'on imagine. Cette jeunesse n'a comme loisir que la plage, très sale, d'à côté et le bar pour traîner la journée. La nuit, ceux qui ont une voiture vont jusqu'aux discothèques du coin, où règnent alcool, drogues et prostitution. Leur avenir professionnel se trouve dans leur environnement immédiat : la Lucchini, l'acierie de Piombino. A travers le personnage d'Alessio, frère d'Anna, Silvia Avallone nous décrit le dur et harassant labeur des ouvriers de l'usine qui sont comme dévorés par cet acier vivant et tueur.
Anna et Francesca, de très belles jeunes filles de "treize-ans-presque-quatorze", ne passent pas inaperçues dans ce monde brutal. Encore pures et innocentes, leur forte amitié amoureuse les aide à tenir le coup face à un environnement familial instable - pères absent ou violent, mères passive ou impuissante - et face à leurs faibles perspectives d'avenir. Mais elles se soutiennent, s'aiment et rien d'autre ne compte à part elles, jusqu'à ce que leur vie les rattrape...
Entre roman social et roman d'apprentissage, D'acier offre une image bien pessimiste de l'Italie. C'est un roman très réaliste, âpre et parfois dérangeant, mais qui donne aussi un peu d'espoir à travers la description d'une amitié plus forte que tout.