Métropolis est toujours sous le choc de l’attentat de la Place de la Réconciliation, qui a non seulement fait de nombreuses victimes et mis à jour une crypte contenant les corps de trois femmes momifiées, mais également ravivé les tensions communautaires entre français et allemands dans cette ville qui symbolise l’union franco-allemande. Rappelons en effet que l’uchronie imaginée par l’auteur part d’une Europe des années 30 qui n’aurait jamais connu la Première Guerre Mondiale et d’un Interland franco-allemand, fruit de l’union entre les deux pays.
Outre l’aspect uchronique, qui invite à se demander quels rôles auraient joué Hitler, Freud, Einstein et Churchill au cœur d’une Europe en paix qui aurait su s’éviter le conflit de 14-18, cette suite se concentre sur l’enquête policière et sur le développement psychologique des personnages. Il y a non seulement les liens étroits qui lient Gabriel Faune à cette ville qui l’a adopté lors de sa création, faisant de lui le citoyen numéro 1, mais également la santé mentale inquiétante de l’inspecteur Lohmann, qui est d’ailleurs constamment accompagné de son médecin-traitant, le Docteur Freud. Au fil de cette enquête qui livre ses secrets au compte-gouttes afin de tenir le lecteur en haleine, les personnages gagnent donc en profondeur.
Visuellement, le trait réaliste et classique de Stéphane de Caneva (« Sept clones ») contribue à donner vie à cette ville qui s’installe progressivement comme un personnage à part entière. L’ambiance sombre insufflée par la colorisation et l’aspect comics de cette œuvre découpée en chapitres sont également une belle réussite. Notons finalement qu’à l’instar de « Masqué », c’est Benjamin Carré qui se charge des couvertures.