Robert LaffontCollection RTraduit de l'américain par Fabienne VidalletParu en Janvier 2015436 pages17,90 euros
Young Adult dès 15 ansThèmes : Apparence, Deuil, Amour, Handicap
Résumé de l'éditeur : Ambrose Young était beau comme un dieu. Grand, musclé, les cheveux jusqu'aux épaules et des yeux de braise qui vous transpercent le coeur. Le genre de beauté que l'on retrouve en couverture des romans sentimentaux, et c'est peu de dire que Fern Taylor en connaît un rayon. Elle en lit depuis ses treize ans. Mais peut-être parce qu'il était si beau, Ambrose demeurait inatteignable pour une fille comme Fern. Jusqu'à ce qu'il ne le soit plus... Nos faces cachées nous conte l'histoire de cinq jeunes hommes qui ont grandi ensemble et qui s'en vont en guerre. Mais un seul reviendra. C'est une histoire de deuil. De deuil collectif et individuel, de deuil de la beauté, de vies brisées, d'identités perdues. L'histoire de l'amour que porte une fille à un garçon en mille morceaux, l'histoire de l'amour que porte ce guerrier meurtri dans sa chair à une fille ordinaire. Mais aussi l'histoire d'une amitié qui vient à bout des pires chagrins, d'un héroïsme qui dépasse sa propre définition. Une version moderne de La Belle et la Bête qui nous fera découvrir avec émotion qu'il y a un peu de Belle et un peu de Bête en chacun de nous...
Nos faces cachées est une très belle histoire mais ce n'est pas un coup de coeur pour moi car j'ai trouvé le "scénario" très convenu sans grand effet de surprise. Pour cause Nos faces cachées est un roman d'émotions et non de suspense. Si j'ai moins aimé la première partie du roman : les attentats du 11 septembre, la décision patriotique d'Ambrose d'aller en Irak pour défendre son pays, Fern l'héroïne timide et discrète qu'aucun garçon ne regarde réellement derrière son apparence, le départ en Irak puis le retour après le drame...Tout ça m'a paru très cinématographique, très scénarisé et surtout très américain plus que romanesque. Disons que je n'ai pas été surprise et je me suis plongée dans les premières pages sans ressentir quelque chose de fort ou d'attachant, tout ça me paraissait prévisible. Par contre la deuxième partie du roman est sensationnelle et c'est là que j'ai été bouleversé par la plume si réaliste, si juste et poignante d'Amy Harmon.
Les choses ont changé lorsqu'Ambrose revient d'Irak. Ambrose Young n'est plus la star de la ville, ce dieu "Hercule" comme l'appelle Bailey, le cousin handicapé de Fern. C'est une force de la nature, meilleur lutteur, beau, charismatique dont Fern est tombée amoureuse dès sa plus tendre enfance. Mais à cette époque, il est jeune, il est beau, il est fort, mature mais sans avoir connu d'épreuves. Il ne s'intéresse pas à la délicate Fern, menue, avec un appareil dentaire, toujours décoiffée, à l'apparence quelconque. Pourtant ils ont des choses en commun. Ambrose Young revient de la guerre, défiguré et blessé intérieurement. Il est ravagé par le deuil de ses amis et par son visage défiguré qu'il juge monstrueux, alors que Fern, elle, s'est épanouie. Mais l'amour ne connaît pas les apparences. Fern, toujours éperdument amoureuse va tenter de montrer à Ambrose que son amour sincère, intense n'a que faire de son visage.
Il y aura plus d'un drame, plus d'une épreuve à traverser, à affronter entre le deuil, la douleur, la souffrance physique, le mal-être, le handicap, le sacrifice, sur le Ugly Girl Syndrome (syndrome de la fille moche qui se ressent jusqu'à l'âge adulte) pourtant grâce à des personnages attachants et à une touche d'humour, Amy Harmon livre un message lumineux, plein d'espoir, d'optimisme et d'amour à travers des réflexions philosophiques et existentielles qui sonnent vraies et qu'on aimera se souvenir. Elle montre l'importance de la persévérance, du courage, l'importance d'être aimé malgré l'apparence. Car la beauté est intérieure et ailleurs que sur un visage. J'ai adoré le personnage un brin fleur bleue de Fern, passionnée de romans à l'eau de rose, amoureuse idéaliste de Guilbert Blythe dans La maison aux pignons verts. J'ai adoré suivre la correspondance interposée entre Fern et Ambrose, leurs réflexions autour de Shakespeare. Une histoire d'amour terriblement tendre, romantique naissant dans des circonstances tragiques, Nos faces cachées est une belle leçon de vie, très prenante dans la deuxième partie, sorte de conte moderne de la Belle et la Bête. J'ai aimé même si je n'ai pas été autant touché et aussi sensible que d'autres lectrices.