Les éditocrates :
Sapristi, Monsieur le président Ubullande, nous vous remercions de nous accorder cette interview exclusive et non complaisante, juste après la manifestation pour la démocratie.
Président Ubu :
Ventrebleu, de par ma chandelle verte, Moi président Ubullande, j'estime que vous êtes au Monde, à Libération, Au Point, au Parisien, à l'Express, au NouvelObs, au Figaro, aux Echos, à TF1, à M6, à BFMTV, à Radio France, à France Télévisions, à RMC, à la Tribune, à Ouest France, mes meilleurs communicants !
Le ministre des phynances
Bougre de con, et Valeurs Actuelles Président Ubullande !
Les éditocrates :
Sapristi président Ubullande, votre manifestation a été triomphale.
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, je suis un organisateur né.
Le ministre des phynances
Cornegidouille, c'est l'union nationale du Front de gauche à l'UMP.
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, j'ai réussi à rassembler le peuple français pour défendre la République.
Le ministre des phynances :
Cornegidouille, la victoire en 2017 est assurée !
Les editocrates :
Merdre, c'est une évidence, la courbe de popularité du président Hollande s'est inversée.
Le ministre des phynances :
Vrout merdre, elle n'a jamais été aussi haute depuis le discours du Bourget !
Le ministre premier :
Cornegidouille, notre ennemie n'a pas de nom, ni de visage !
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, je n'allais pas laisser l'organisation de la manifestation à des associations de sans-dents...
Les éditocrates :
Merdre, vous dites vrai président Ubullande, quelle organisation millimétrée, quelle idée géniale d'inviter tous nos amis démocrates de l'étranger.
Le ministre des phynances :
Cornegidouille, le président Ubullande a voulu associer l'ensemble de l'axe du bien contre le Mal.
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, c'était un geste de fraternité internationale pour défendre la civilisation.
Le ministre des phynances :
Merdre, nos amis nous ont donné quelques idées pour protéger les libertés.
Les éditocrates :
Sapristi, en tant que journalistes indépendants, neutres et objectifs, nous approuvons cette coopération internationale qui sera à n'en pas douter fructueuse.
Le ministre de la paix :
Cornegidouille, j'ai beaucoup appris du premier ministre hongrois, ami de la liberté de la presse et de son confrère espagnol sur les rassemblements publics...
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, trop de libertés tue la liberté comme le démontrent les balles tragiques à Charlie Hebdo dont j'étais un fidèle abonné
Le ministre des phynances :
Cornegidouille, c'est pourquoi nous avions anticipé ces tragiques événements en réduisant les aides à des journaux comme Le Monde Diplomatique ou Charlie Hebdo...
Les éditocrates :
Merdre, président Ubullande, vous êtes clairvoyant
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, l'union nationale me permet de rassembler les citoyen-ne-s autour de mesures sécuritaires antiterroristes exemplaires.
Le ministre des phynances :
Merdre, en tant qu'ancien énarque et financier spéculateur, seule la liberté de la finance, des marchandises et du commerce est essentielle !
Les éditocrates :
Sapristi, quel discours démocrate !
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, j'instituerai un Patriot act à la française !
Le ministre des phynances :
Merdre, c'est indispensable pour sécuriser l'opacité des circuits financiers et la liberté des paradis fiscaux...
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, Moi président Ubullande, je dis au peuple que moins de libertés garantira la liberté !
Le ministre des phynances :
Merdre, du patronat et de l'oligarchie !
Le ministre premier :
Sapristi, le pacte sécuritaire sera bientôt présenté au Parlement.
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, moi président ubullande, j'estime qu'il ne faut pas avoir de tabou !
Le ministre premier :
Merdre, le président Ubullande n'a pas le tabou du cynisme comme il l'avait démontré précédemment dans son discours du Bourget.
Le ministre des phynances :
Cornegidouille, le président Ubullande est un écologiste sincère et dévoué, le roi de la récupération politique.
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, moi président Ubullande, ne l'ai-je pas démontré en promettant la taxe de 75 % des plus hauts revenus...
Le ministre des phynances :
Cornegidouille, le président Ubullande est un socialiste ultra-réaliste.
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, je dirais même plus, je suis un homme de gauche qui rassemble jusqu'au grand patronat.
Les éditocrates :
Sapristi président Ubullande, quelle idée géniale que cette union nationale.
Le ministre de la paix :
Cornegidouille, le génial président Ubullande a mis hors-jeu le Front de gauche et l'UMP, tout en désignant sa principale concurrente, la respectable Marine Le Pen.
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, le président ukrainien m'a été d'un grand secours, je vais ainsi remporter l'élection présidentielle de 2017.
Le ministre premier :
Cornegidouille, comme le souligne l'immense président Ubullande, il ne faut pas être sectaire.
Le ministre des phynances :
Parbleu, le sectarisme est mauvais pour la spéculation !
Les éditocrates :
Sapristi, quelle liberté de parole...
Président Ubu :
Bougre d'imbéciles, tout cela est évident, moi président Ubullande, j'exploite tout pour assurer ma réélection !
Le ministre des phynances :
Cornegidouille, quel avenir radieux !
Président Ubu :
Bougre d'imbéciles, cette semaine a été formidable !!!
Le ministre de la paix :
Cornegidouille, quel grand bond en avant dans les sondages !
Le ministre des phynances :
Merdre et merdre, les français sont raisonnables.
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, je suis le garant des libertés.
Les éditocrates :
Sapristi président Ubullande, que comptez-vous faire pour empêcher les trafics d'armes, le financement des réseaux terroristes , le blanchiment de l'argent ?
Le ministre de la paix :
Merdre, Président Ubullande a l'intention de ne rien faire !
Le ministre des phynances :
Cornegidouille, et pourquoi pas s'attaquer aux paradis fiscaux, mais vous êtes fous !
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, mon ami luxembourgeois JC Juncker, le vertueux président de la Commission européenne, qui était à mes côtés dans la manifestation m'a conseillé de ne pas prendre de décision précipitée et inconsidérée...
Le ministre des phynances :
Cornegidouille, le président Ubullande ne désire pas fragiliser les flux financiers dont l'équilibre est précaire...
Le ministre de la paix :
Ventrebleu, il faut s'attaquer aux terroristes en guerroyant à l'étranger auprès de nos amis étasuniens.
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, Moi président Ubullande, je vais terroriser les terroristes sur leurs terres.
Le ministre des phynances :
Cornegidouille, et par conséquent, le peuple doit être uni !
Le ministre de la paix :
Ventrebleu, les patrons du CAC 40 prennent déjà suffisamment les commandes pour équiper nos soldats et pour développer les équipements de surveillance de toute la population !
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, Moi président Ubullande, je vais ainsi faire repartir la croissance !
Les éditocrates :
Sapristi, président Ubullande, ce que vous dites est lumineux...
Le ministre de la paix :
Ventrebleu, le président Ubullande a des principes et des valeurs.
Le ministre de la paix :
Cornegidouille, le président Ubullande est un homme de convictions !
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, Moi président Ubullande, mes convictions se trouvent là où sont mes intérêts...
Les éditocrates :
Sapristi, président Ubullande, quelle détermination.
Président Ubu :
De par ma chandelle verte, Moi président Ubullande, je compte sur vous, les médias, pour entretenir un climat passionnel !
Le ministre de la paix :
Cornegidouille, ces propos ne doivent pas être rendus publics, dites plutôt que le président Ubullande est Charlie !
Les éditocrates :
Sapristi, président Ubullande, en tant que journalistes neutres, objectifs et indépendants aux forces politiques et de l'argent, nous n'y manquerons pas, il n'y a pas d'alternative sinon c'est le Front national