Disons le tout net. Geoff Johns est meilleur lorsqu'il prend en main le destin d'un héros, au singulier, et qu'il l'achemine vers de nouveaux horizons, patiemment, mois après mois (Aquaman, Shazam, par exemple). Donnez lui un grand crossover à développer et il aura tendance à tomber dans certains travers, à savoir la surenchère dans la violence et la baston, et un manque parfois de lisibilité de l'action, qui ne progresse pas toujours à un rythme crédible. Ici le désespoir règne, le mal triomphe, mais en quelques coups de poings bien placés et quelques morts bien spectaculaires (une jambe arrachée, Atomica écrasée sous une botte...) Johns tente de nous convaincre que les héros, bien épaulés par quelques vilains momentanément rangés du coté des bons, peuvent devenir des vigilantes badass, prêts à sortir les crocs et mordre à sang. David Finch essaie de se mettre au diapason, mais je trouve que l'encrage est souvent trop gras, et les couleurs trop sombres, ce qui vient gâcher un travail qui n'est de toutes façons pas le meilleur qu'il ait jamais produit, loin de là. Je pense tout de même que son trait gagnerait à être proposé dans une version noir et blanc, avec juste les crayonnés. Cet album propose les derniers numéros de Forever Evil, mais aussi les épisodes associés de la Justice League, ceux où Cyborg et les Metal Men tiennent le rôle de vedettes. Ces derniers sont la bonne surprise du chef. Ils sont drôles, touchants, caractérisés de manière prévisible selon le métal qu'ils représentent, mais peut être pour cela très fonctionnel. Ivan Reis y est fort à l'aise, comme d'habitude. Le Règne du Mal, c'est une grosse production, un blockbuster estival à consommer avec modération, en sachant qu'il y a des kilos de sucre dans le produit, et qu'en abuser provoquerait son lot de caries, et une sévère prise de poids. On en attendait plus. Ou plus exactement, on en attendait mieux. Faute de quoi, on essaiera de se consoler avec un Lex Luthor qui retrouve son statut de star de l'univers Dc, sans pour autant qu'il si facile de le cerner véritablement.