Depuis la crise financière internationale de 2008, les pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) ont été affectés par des chocs à répétition.
Sur le plan macroéconomique, la contraction de l’économie mondiale, la hausse des cours mondiaux des matières premières et la crise des dettes souveraines en zone euro ont successivement impacté les performances économiques de ces pays. L’Algérie se distingue à plusieurs égards. D’une part, le pays se singularise par une relative stabilité. D’autre part, l’économie algérienne a fait preuve d’un certain dynamisme. La croissance économique est en effet demeurée plus élevée que dans les autres pays de la région. Cette croissance relativement robuste tient notamment au renforcement de la politique de soutien actif aux facteurs de croissance depuis le début des années 2000.
Le régime de subvention aux produits de base (produits alimentaires et énergie) et la hausse des salaires dans le secteur public ont contribué à soutenir le
pouvoir d’achat des ménages, tandis que l’investissement public s’est accru. Aujourd’hui, Après de successives et considérables hausses, les réserves de change de l’Algérie connaissent un
fléchissement depuis 2014 sous l’effet combiné de la baisse des cours pétroliers et des exportations des hydrocarbures ainsi qu’une hausse fulgurante des importations. L’élan que prenait le
niveau du matelas de devises fut freiné dès le début de l’année dernière lorsque le niveau des réserves s’approchait des 195 milliards (mds) de dollars à fin mars mais amorça, par la suite,
une tendance baissière en s’établissant à 193,27 mds de dollars à fin juin, avant de descendre encore à 185,27 mds de dollars à fin septembre dernier. Ainsi, l’envolée des importations et la
forte chute des cours pétroliers ont fortement contribué dans l’amenuisement des flux alimentant les réserves de change du pays. Au regard de cela, des analystes s’inquiètent de voir cette
économie montrer des signes d’essoufflement, si les prix de l’or noir restent à des niveaux faibles, notamment par une aggravation des déséquilibres macroéconomiques et une difficulté à
générer des emplois et à réduire le chômage en particulier chez les couches les plus jeunes de la population. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, indique dans une interview accordée,
récemment à l’APS, que le gouvernement s’emploie à donner une nouvelle impulsion à l’économie et aux finances publiques. Ainsi, à la lumière des évolutions négatives des cours du pétrole et
au regard de l’ampleur des risques liés à cette situation, l’attention se concentre, désormais, sur la recherche d’une voie de sortie salutaire. La gravité de la situation actuelle impose des
actions économiques fortes et immédiates. Aussi une série de mesures simples, pragmatiques et efficaces, ont été annoncé, notamment dans le cadre du Conseil des ministres restreint, présidé
dernièrement par le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, pour faciliter la reprise de la croissance, par la mobilisation de tous les acteurs, une politique de promotion de
l’industrie, des PME... Ainsi, les mesures prises par le gouvernement pour la diversification de l’économie, pour rationaliser ses dépenses, tout en continuant à soutenir les couches les plus
défavorisées de la société, pour le maintien des investissements engagés pour la modernisation des infrastructures et la construction de logements, devraient conforter les bonnes performances
du secteur industriel et du coup permettre au pays de bénéficier d’une croissance solide. A cela vient s’ajouter, la confiance dont jouit l’Algérie auprès des investisseurs étrangers. Le
patronat a affirmé, de son côté, l’importance de travailler ensemble pour répondre au besoin de diversifier l’économie nationale dans une conjoncture marquée par une chute des prix du
pétrole.
Les organisations patronales «ne pourront répondre à ce besoin de diversifier de manière structurelle les ressources et le financement de l’économie nationale
et de sortir définitivement de la dépendance de la ressource naturelle qu’en travaillant ensemble et en assurant la jonction des efforts du gouvernement avec ceux du patronat pour créer les
synergies et les conditions de la confiance des producteurs et investisseurs nationaux», a-t-on ajouté. Le Forum des chefs d’entreprises (FCE) compte formuler des propositions dans plusieurs
secteurs économiques. Il s’agit principalement de la relance de l’industrie, la sous-traitance, le foncier industriel, la fiscalité, le développement des exportations, le financement,
l’énergie, les services, l’économie du sport, l’emploi et les TIC. Les propositions formulées par 27 commissions, seront portées auprès des ministres concernés au cours de réunions prévues
pour la deuxième quinzaine de janvier. A l’issue de ces rencontres, un document de synthèse sera élaboré avant d’être soumis au Premier ministre, a-t-on encore précisé.
Farid B.
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Ces actions attendues
Face aux risques encourus du fait de la chute des cours de pétrole et de leur impact sur la situation financière et bancaire du pays, l’Algérie réagit. Une
série de mesures à même de mettre le pays à l’abri et le prémunir face au choc qui pourrait en découler de la baisse tendancielle du prix du pétrole est prise par le gouvernement. Pour
rappel, à l’issue du conseil restreint tenu le 23 décembre dernier sous la présidence du chef de l’Etat et consacré aux développements enregistrés par le marché pétrolier international et
leurs retombées sur la démarche économique et sociale du pays, le Gouvernement a été chargé d'en assurer un suivi permanent et d'examiner, trimestriellement, sous la direction du Premier
Ministre, toute adaptation qui s'avérerait nécessaire dans la gestion économique et budgétaire . Ce jeudi, c’est au tour du Gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Laksaci, d’appeler
les banques à respecter strictement leurs obligations pour les opérations de commerce extérieur et de change, afin de maintenir la stabilité financière de l’Algérie. Lors d'une réunion qui
l'a regroupé, au siège de la Banque d'Algérie, avec les PDG des banques et d'établissements financiers activant en Algérie pour leur exposer les récentes retombées de la chute des cours de
pétrole sur la situation financière et bancaire du pays.
«Vu l'acuité probable du choc externe en 2015, il est attendu des banques le strict respect de leurs obligations, en tant qu'intermédiaires agréés, au
titre des opérations de commerce extérieur et de change, dans le cadre de la convertibilité courante du dinar», a-t-il tout simplement déclaré selon l’APS. Le Gouverneur de la Banque
d’Algérie a indiqué à cette occasion les actions qui seront prises dans le cadre de cette nouvelle donne. A savoir, plus de contrôle, plus de vérification et plus de vigilance dans les
transactions commerciales. C’est ce que fera la Banque d’Algérie et c’est aussi ce qui est demandé aux banques afin de lutter contre l’évasion fiscale. Et pour cause. Si, comme le souligne
M. Laksaci, « le niveau des réserves de change de 185,273 milliards de dollars atteint à fin septembre 2014, reste adéquat pour permettre à l'Algérie de faire face au choc externe,
tandis que l'encours historiquement bas de la dette extérieure de 3,666 milliards de dollars à fin septembre 2014 concourt à la solidité de la position financière extérieure nette» ; et
que «le très faible endettement en devises des entreprises du secteur des hydrocarbures et des banques contribuera à limiter les conséquences financières du choc externe», il n’en reste pas
moins vrai que l’on ne doit pas pour autant se voiler la face et se croire à l’abri. L'Algérie, à l'instar des autres pays exportateurs de pétrole, est affectée par la chute des cours de
pétrole et subit le choc que connaissent les prix du baril à travers ses effets sur la balance des paiements et les finances publiques. C’est ce qu’a indiqué le Gouverneur de la Banque
d’Algérie. Pis encore, selon lui les pays exportateurs de pétrole devraient enregistrer une détérioration des soldes des comptes courants de leur balance de paiement ainsi qu'une contraction
de leur marge de manœuvre budgétaire, alors que les prix d'équilibre budgétaire sont souvent élevés.
Cette situation ne sera pas sans conséquences. Elle pourrait induire, a estimé M. Laksaci, «des effets négatifs sur les taux de croissance économique dans ces
pays». c’est dire que ces risques qui pèsent sur notre économie doivent inciter tous les Algériens à réagir et à changer certaines de leurs habitudes. Et c’est à juste titre que le Président
Abdelaziz Bouteflika a chargé le Gouvernement, à l’issue du débat qui a suivi la tenue le 23 décembre du Conseil restreint, de « tenir l'opinion nationale informée des réalités et des
enjeux de la crise actuelle des prix du pétrole». «Cela permettra, a indiqué le Chef d l’Etat, de rassurer la population, et de la mobiliser pour la lutte contre le gaspillage et pour un
effort accru, au service de son propre bien être et du développement du pays».
Nadia Kerraz
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