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L' histoire d'un amour fou

Publié le 12 janvier 2015 par Dubruel

d'après UNE PASSION de Maupassant

En poste à Toulouse, le jeune capitaine

Jacques Renaldi avait la réputation

De ne pas aimer les mondaines.

Aussi évitait-il, dans les salons,

De rencontrer la comtesse de La Rouvraye.

Or, lors d’un dîner chez B. de Meriel,

Il se trouva assis à côté d’elle.

Non seulement la comtesse

Regardait Renaldi sans cesse,

Mais sa main vint effleurer

La sienne et leurs doigts se sont serrés.

Le capitaine espérait en rester là

Mais à minuit, elle s’écroula dans ses bras.

Le lendemain

Il la revit et devint,

Malgré lui, son amant.

La comtesse l’aima d’un amour haletant

Au risque de perdre sa réputation sociale

Et sa situation familiale.

Sans se soucier d’être vue,

Comprise ou perdue,

Dans ses bras elle se blottissait

Et lui déversait mille tendres baisers.

Mais six jours après,

Renaldi, ne supportant plus la comtesse,

Demanda à son ami Pagès :

-« Tu sais, Henri, j’en ai assez.

Que me conseilles-tu ? »

-« Tu dois rompre, bien entendu ! »

Le capitaine haussa les épaules :

« Que tu es drôle !

Comment rompre avec une maîtresse

Qui vous persécute de tendresse ? »

Quelques jours plus tard,

Rinaldi était informé

Par le général Comar

Que le régiment allait être déplacé

Dans deux semaines

En Lorraine.

Le vœu de Renaldi

Allait être exaucé.

Sa liaison prendrait fin !

Mais dès le lendemain,

À midi,

Le capitaine recevait

La visite de la comtesse :

-« J’ai appris

Que tu partais à Metz.

Alors, mon chéri,

J’abandonne enfants et mari

Et je pars avec toi pour toujours. »

Le capitaine lui répondit :

-« Je n’ai nul besoin de ton amour

Et je ne veux pas t’emmener. »

La comtesse rentra chez elle désemparée.

Elle tenta de s’empoisonner.

On la crut perdue à jamais…

À peine installé à Metz,

Rinaldi reçut la visite

De la sœur de sa maîtresse :

-« Elle a prononcé un ultime désir :

Vous revoir avant de mourir.

Et j’insiste, vous devez faire vite. »

Il prit le train pour Toulouse.

À la clinique, il s’approcha du lit

De sa maitresse et lui dit :

-« Non, tu ne vas pas mourir ;

Tu verras, tu vas guérir. »

Puis il regagna Metz.

Et en effet, huit jours après,

La comtesse,

toute enamourée, le rejoignait

Un mois s’écoula en vie sereine.

Mais un matin, le capitaine

Vit arriver M. de La Rouvraye :

-« Je ne viens pas vous importuner,

Mais la situation vient de changer.

Ma fille aînée va se marier

Et la famille de son fiancé

Exige qu’avant leur union

La mère de ma fille revienne à la maison,

Chez elle…chez moi. »

Renaldi, inondé de joie,

Gravit l’escalier en bondissant :

« Chérie, s’il te plait, descends !

Ton mari est là.

Il veut te parler. »

Toute étonnée,

La comtesse arriva.

Son mari

Lui dit :

-« Jeanne va se marier…

Vous devez rentrer. »

-« Non, je ne rentrerai pas.»

Renoldi se leva,

Plaida la cause de la jeune fille,

Celles du mari, de l’autre famille,

…Et la sienne.

La comtesse, les yeux pleins de haine

Les enveloppa tous deux

D’un regard méprisant et furieux :

-« Misérables, que vous êtes ! »

Puis remonta à l’étage, fort satisfaite.

M. de la Rouvraye prit son chapeau, salua :

-« Nous sommes bien malheureux,

Mon cher monsieur. »

Et il s’éloigna.


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