Je ne la connaissais pas. Martine Noël-Maw est du secteur jeunesse, c’est la meilleure excuse que j’ai trouvé. Toutefois, maintenant que je l’ai dénichée, je ne la laisserai pas tomber !
L’aspect du livre est simple et discret, j’avoue qu’on ne me l’aurait pas offert, je serais passé à côté, surtout que l’histoire abordait le chemin de Compostelle. Récemment, j’ai lu deux romans sur le sujet et me suis dit que c’était suffisant pour le moment.
Je bénis ma curiosité. J’ai commencé à le lire, juste pour voir et confirmer que ce titre n’était pas pour moi. J’ai été happée par la simplicité du style, aucune barrière entre la jeune héroïne et moi. Instantanément, Laetitia, cette fillette, j’ai voulu la connaître. Elle aimait tellement son père ! C’est rare d’entendre parler un enfant en des termes aussi affectueux de son paternel, et j’ajouterai que c’est rare de voir un père s’occuper de sa fille avec autant d’affection. Le début est idyllique, on se croit dans un conte. La mère passe pour la méchante, tant la relation père/fille est intense. Il en prend soin, passe des heures en sa compagnie. Elle lui est précieuse, ça se voit, ça se sent. Et du jour au lendemain il disparait, aspiré par le chemin de Compostelle.
J’oubliais de mentionner que nous nous situons à la fin des années 1800 et que la maisonnette de Laetitia est à l’orée du chemin de Compostelle. La fillette est convaincue que son père est parti sur le Chemin et désirera un jour partir à sa recherche. Sa mère et sa tante tenteront de l’en décourager, elles y réussiront une première fois, ce départ s’appellera une fugue. Le deuxième départ à l’âge de 15 ans sera le bon. Laetitia est doublement motivée, ne désirant pas que retrouver son père, voulant fuir son quotidien où elle croule sous les tâches ménagères. Sa maison étant devenu un gîte pour les pèlerins, son espace de vie est réduit et elle doit aider sa mère et sa tante.
Nous accompagnons Laetitia sur le Chemin. J’ai eu peur pour elle. Je me suis inquiété aussi, elle n’est pas un oiseau pour se soucier si peu du lendemain. Les péripéties défilent, celles propres aux pèlerins et celles propres à cette jeune fille mue par l’idéal de retrouver son père. Comme de la musique, l’histoire a ses hauts et ses bas, les notes graves côtoyant les légères. Des pauses et du silence, il y en a, exprès pour entendre les palpitations de notre cœur.
« En bout de chemin, trouvera-t-elle son père ? » est la question que l’on se pose jusqu’au bout de la route. La fin ne déçoit pas, oh que non.
C’est le premier roman qui me fait saisir la part initiatique que peut prendre le parcours à obstacles du chemin de Compostelle. Le seul bémol, mais qui ne m'a pas vraiment dérangé tellement je vivais cette histoire comme un conte, je n'ai pas tout à fait cru que le roman se passe au 19e siècle mais est-ce si important !
Un roman qui force l’ouverture d’esprit et qui va droit au cœur. Je le conseille vivement à des personnes rebutées par des histoires difficiles d’accès.
Trois millions de pas
Martine Noël-Maw (site de l'auteure)
Éditions Hurtubise
Parution octobre 2014
206 pages - 12.95 $