En France libre, la presse écrite avec les mains ou avec les pieds, que ce soit Télé7jours, Voici, le Journal de Mickey ou Charlie Hebdo, bénéficie d’un régime d’aides ou d’exonérations fiscales et sociales censée favoriser le pluralisme démocratique. Et la liberté d’expression. Contre les fous à la Kalachnikov. Et les autres. A lire un recensement intéressant ici (clic) ou là sur service-public.fr (clic).
Parmi ces aides (aux seuls quotidiens dédiés à l’info générale et politique) que vous ignorez sans doute si vous n’êtes pas du métier, celle de l’association Presse et Pluralisme, asso créée en 2007 pour développer le mécénat de presse, et dont fait partie Charlie Hebdo. Presse et Pluralisme permet aux lecteurs souhaitant faire des dons de bénéficier d’une réduction d’impôt de 66% du montant versé. Tu verses 100€ à Charlie Hebdo sur la plate-forme de dons en ligne (clic) et tu bénéficies d’une réduction fiscale de 66€. Pigé ?
Avant le massacre comme après le massacre.
Mais avant, tu t’en foutais. Maintenant t’es devenu fan des caricatures même quand elles sont nulles.
Par le plus grand des hasards auquel je ne crois pas, il se trouve que dans mon job, j’ai en charge (avec d’autres, on n’est jamais seul au service de l’intérêt général) la gestion de la plate-forme de dons en ligne créée pour Presse et Pluralisme (clic) en faveur de plusieurs titres de presse. Alors vendredi, c’était branle-bas de combat si vous permettez l’expression guerrière. Si vous ne permettez pas on se la joue vraiment comme #jesuischarlie et vous vous arrêtez à « branle ».
De la préparation du communiqué de presse par Presse et Pluralisme, à sa diffusion puis à la réception des 1ers dons, j’ai vécu des moments forts, simples, silencieux et parfois joyeux, avec des collègues qui oublient leurs divergences et parfois le poids de la technostructure pour réaliser en 1 heure ce qu’on fait habituellement en 6 jours. Comme la création du monde. Par Dieu. Rappelons que le 7ème jour il s’est reposé. Agnostique, je suis pourtant contre le travail du dimanche. Comme Dieu. Comme quoi sur l’essentiel des valeurs humaines, on doit pouvoir se retrouver.
C’est dingue comme dans ces moments-là, quand vous êtes au cœur d’une certaine actualité, malheureuse, tragique, vous vous sentez utile, les heures défilent sans qu’on s’en aperçoive, j’ai même dû zapper une séance de cryothérapie avec Londs Runner (clic) prévue vers 21h.
N’écoutant que mon courage qui ne me disait rien (J. Renard), un peu inquiet du risque de saturation de la plate-forme, j’ai suivi tout le week-end l’évolution du versement des dons mais surtout les questions posées par les anonymes donateurs. Un peu de chaleur humaine en méls mais pas que, celui de cette dame proposant ses services de correction, gracieusement, ce boulanger qui voulait faire un pain bâtard #jesuischarlie, cet ebayeur (faux)monnayeur du cœur se fendant d’une vente d’un numéro collector avec 50% (seulement) reversés à Charlie Hebdo, toute cette foule qui depuis l’étranger voulait savoir comment s’abonner ou acheter le prochain numéro de Charlie Hebdo. On ne pourra pas répondre à ces questions, nous on ne gère que les sous, seule l’équipe de Charlie Hebdo, si elle le veut, si elle le peut, décidera quoi faire. Demain. Elle n’est obligée à rien cette fine équipe de plumes. Surtout pas à porter un hommage et un héritage chargé de breloques républicaines trop lourd pour eux.
Si vous n’avez pas le sou, c’est la crise, vous pouvez rendre un hommage à qui vous voulez façon Roxanne Decorte, à la gloire de l’immense Wolinski…
« #JeSuceCharlie » : L’énorme tweetfail d’une élu parisienne #ComPol pic.twitter.com/SZKbyTd87U
— Arthur_NL (@atuche) 11 Janvier 2015
Et sinon, évidemment, soutenez, donnez, abonnez-vous, lisez, réfléchissez, dans la durée, surtout après l’émotion passée,
Charlie Hebdo a besoin de vous pour survivre.
Vous pouvez effectuer un don :
Soit par carte bancaire
Sur le site jaidecharlie.fr (clic)
Soit par chèque, libellé à l’ordre de : Presse et Pluralisme / opération « J’aide Charlie »,
et accompagné obligatoirement du coupon ci-dessous.