Comme si les joueurs passaient à un second tableau.
"C'est bon, chef!"
Voilà quelque chose qu'on dirait à un ami dans une game de paintball.
À un confrère de travail.
À un gardien de but.
À un coéquipier de jeu.
La vie comme un jeu vidéo.
Vous ne l'aviez pas vu? Vous venez de le faire avec mes mots.
Pour retrouver un tel détachement absolu du respect et du droit à la vie. il faut se tourner vers les animaux.
Était-ce un hasard? probablement. Mais frapper un mercredi de réunion de rédaction ne l'était pas. Et le déséquilibré qui a tué une policière dès le lendemain à Montrouge, n'était pas un hasard non plus.
À ma seconde pause, on apprenait que deux prises d'otages avaient lieux en simultanée. D'un côté, le tueur de Montrouge qui avait en otage autour de 5 personnes, séquestrées dans une épicerie casher de Vincennes. De l'autre, et avec des informations beaucoup moins claires. les frères Kouachi, maintenant cernés, à l'aéroport de Roissy rapportait-on erronément (TVA, bien entendu). tenait aussi en otage un nombre indéterminé de personnes.
So why bother?
Vos victimes se taperont vos vierges au ciel.
J'ai d'ailleurs trouvé plutôt intelligent les médias qui n'ont pas diffusé les entrevues téléphoniques avant l'assaut final. On ne donne pas de tribune à la folie. J'ose croire que c'était un choix et non une contrainte de temps.
Ces gens n'étaient pas l'islam. Ils étaient Al-Qaïda. Du Yémen. Ils étaient le terrorisme.
Dans un jeu vidéo, ils avaient la tête, l'âme et les idées d'un zombie de Resident Evil.
Quand j'ai fini de travailler à 13h on titrait (quelqu'un avait au moins changé le poste de télévision de la salle des employés à Radio-Canada) que tout était terminé et que tous les preneurs d'otages étaient maintenant tués.
Je me suis surpris à lâcher un "yeah" (pour moi-même) de satisfaction.
Ma colère était aussi bête que la leur. Je les voulais morts.
Charlie Hebdo, vengé.
Tout ça ne serait qu'histoires de vengeances?
Non, on pouvait nous aussi passer à un nouveau tableau.
Comme dans un jeu vidéo.
Qui n'auront qu'aiguisé davantage les crayons du monde entier.
Vous venez, à votre tour, de créer un monstre multi-têtes.