Partout dans le monde, et surtout aux États-Unis, la précarité de l'emploi rend la vie difficile à une multitude de travailleurs qui se retrouvent dans l'impossibilité de gérer sainement leurs finances personnelles. Face aux spécialistes – souvent qualifiables de requins – de l'avance sur salaire, Even veut proposer une autre solution.
Le service que développe la jeune pousse californienne s'adresse à l'audience particulière que constituent les millions de personnes employées à l'heure et dont, par conséquent, les revenus sont quasiment imprévisibles d'une semaine à l'autre. La promesse que leur fait Even est, comme son nom l'indique, de leur assurer un salaire stable en toutes circonstances, moyennant un coût fixe de 5 dollars par semaine. Ils pourront même recevoir un coup de pouce ponctuel en cas d'événement exceptionnel (une grosse dépense imprévue, par exemple).
Comment cela fonctionne-t-il ? Lors de son inscription, le demandeur fournit un accès à son compte bancaire, qui permet aux algorithmes de la startup d'identifier ses rentrées d'argent enregistrées et d'en déduire le « salaire » moyen qu'elle peut s'engager à lui payer chaque semaine. Par la suite, si les revenus effectivement perçus sont inférieurs à ce montant, Even verse le complément, et inversement, s'ils sont supérieurs, les avances payées précédemment sont remboursées sur l'excédent (sans intérêt). Tout est entièrement automatique et transparent pour l'utilisateur.
En réalité, la solution va même un peu plus loin, en intégrant une véritable fonction de gestion de finances personnelles, adaptée aux besoins de la population qu'elle cible. Elle propose, notamment, de piloter un budget hebdomadaire et, surtout, de mettre de l'argent de côté – en prévision des mauvaises périodes à venir ou pour des projets spécifiques – lorsque les fonds disponibles l'autorisent. En cas de perte d'emploi, le service peut être mis en pause instantanément (interrompant le prélèvement des frais hebdomadaires), prêt à être réactivé à tout moment.
Le dispositif répond à tous les canons de l'ère numérique, grâce à un accès à l'ensemble des fonctions à travers une application mobile et une attention toute particulière à ce que les opérations soient traitées en « temps réel ». Ainsi, les versements d'avances sont réalisées via la carte bancaire de l'utilisateur afin d'éviter les délais des virements classiques. Even prend tout de même soin d'offrir aussi une assistance (téléphonique) « humaine », chaque client ayant un conseiller attitré pour résoudre ses problèmes.
Il reste encore à noter que la jeune pousse veut également commercialiser [PDF] sa solution auprès des employeurs, en leur vantant, entre autres, la plus grande stabilité des salariés dont les revenus sont fixes et la meilleure productivité des personnes moins stressées par leur situation financière. Dans ce cas, le système peut – en option – être intégré avec les outils de gestion de paye de l'entreprise, afin de le rendre encore plus transparent pour ses bénéficiaires.
Aux États-Unis, le marché des avances sur salaire est notoirement malsain, ce qui en fait un secteur propice à l'innovation disruptive. Les startups sont donc de plus en plus nombreuses à développer des alternatives, en adoptant des approches extrêmement diversifiées. L'originalité d'Even – avec quelques autres – est d'aborder le sujet en changeant radicalement de modèle, puisqu'elle remplace le principe même du crédit (et ses intérêts) par un concept qui ressemble plus à une sorte d'assurance chômage…
A lire également à propos d'Even, un article de l'Atelier BNP Paribas.