Max | Chaînes

Publié le 10 janvier 2015 par Aragon

Les chaînes ça peut être ce truc à la con, ce truc bidon où quelqu'un t'envoie un message "à faire passer pour...". Là, il se passe un truc que je n'avais jamais vu de ma vie, non jamais.

Des millions de gens de toute sorte, de tout pays, de toute confession politique ou religieuse, des gens quoi... Ces gens-là vont marcher demain, ces gens-là brandissent des stylos, des crayons, des dessins, des pancartes. Ces gens-là réagissent inimaginablement fort à l'évènement.

Cet évènement personne peut-être n'en prend encore véritablement la mesure. C'est un évènement planétaire. C'est comme si une cocotte-minute lâchait sa pression, n'explosait pas mais lâchait sa pression. Des millions de gens dans le monde en ont plein le cul et ne le disait pas jusqu'à lors, n'en avait pas envie, n'en avait pas le courage, trouvait vain de le faire, avaient aussi peut-être les jetons pour bon nombre d'entre eux.

Aujourd'hui dans le monde entier des millions de gens se lâchent et disent un grand "merde", un grand ras-le-bol à la connerie, à l'obscurantisme, à l'horreur, disent qu'ils en ont plein le cul de ne rien dire. Disent qu'il faut dire que la vie à un prix. Que la liberté d'expression, la liberté tout court est la vie. Disent que cette liberté, l'expression de liberté, est une base inaliénable à toute forme d'expression vivante, est le pilier principal de la démocratie, sa pierre angulaire.

J'assiste médusé dans mon bled paumé à cette levée de coeurs, d'âmes et de corps partout dans le monde. À la formation de cette chaîne humaine qui n'entrave rien mais qui donne le meilleur d'elle-même, qui libère chacun.

J'entends à l'instant des voix se lever au Québec, mes potes du Québec qui vont marcher à Montréal, au Maroc, en Espagne, en Australie, au Pakistan et ça me bouleverse. Je me dis que le monde est en train de changer.

Il y a un avant et il y aura un après Charlie. Le peuple existe enfin, il prend son envol par sa voix. Sa voix qui dit "Je suis Charlie". Merde, je me pince, j'y crois pas, c'est pourtant ce qu'il se passe... Le monde est beau, enfin...