Alain Bujak est photographe. Il passe son temps à raconter la vie telle que nous la voyons mais aussi telle qu’il serait plus judicieux de la regarder.
Pour cette BD sous forme de reportage dissimulé, il nous ouvre les yeux sur un pan de l’histoire française qui étonne sans être jamais mise en avant. Et pourtant, c’est une période importante et les faits primordiaux ne doivent pas être oubliés.
Aujourd’hui, plus encore que certains autres jours.
Entre 2008 et 2009, Alain Bujak a séjourné dans un foyer d’accueil à Dreux où il a rencontré les témoins de cette période. Des hommes d’ici et de là-bas qui ont toujours eu le coeur tiraillé, lui aussi.
Parmi eux, Abdesslem, ancien tirailleur marocain qui a servi la France lors de la Seconde guerre mondiale. Un homme enrôlé très jeune par l’armée française pour combattre l’ennemi sur le front puis envoyé en Italie. Un homme parmi tant d’autres qui ont permis à la France de vaincre plus forte.
Un témoignage tendre et dur à la fois sous forme de BD radieuse qui fascine et instruit. La condition de ces hommes pour lesquels la reconnaissance a mis du temps à venir et dont la pension d’ancien combattant est plus maigre que celle des soldats est superbement mise à l’honneur.
La bravoure et le courage des ces hommes qui ont du tout quitter pour combattre sous un drapeau qui n’était pas le leur sont soulignés et on a envie de crier Merci à son auteur.
Un récit servi par des dessins sobres et nets de Piero Macola, qui disent une vérité crue mais irremplaçable. Des couleurs pastels, toujours en adéquation avec le propos permettent de suivre le fil sans jamais être pris par un sentiment d’étouffement ou un quelconque pathos.
Une BD qui fait réfléchir sur la solidarité, la tolérance et l’histoire. A lire pour replacer les choses à leur place.
Pour un autre avis, filez sur le blog de Calokilit, un coup de coeur pour les chroniqueuses de ce blog.
Le tirailleur, Alain Bujak, Piero Macola, Futuropolis, 2014