Mon dealer sera-t-il noté un jour AAA par Moody’s ?

Il y a 20 ans, auriez-vous pensé investir dans une entreprise de production de marijuana ? Ou encore auriez-vous accepté de prêter de l’argent à un dealer pour qu’il monte sa boite ?

Sûrement pas, mais aujourd’hui la marijuana est devenu de « l’or vert » pour de nombreuses entreprises, voire même pour de nombreux pays. Il est donc possible qu’un jour ces entreprises deviennent des placements de bons pères de famille et qu’elles soient ainsi évaluées par des agences de notation.

La production de Marijuana de plus en plus autorisée

La marijuana a été récemment légalisée au Colorado et à Washington, une première. Et aujourd’hui, presque partout aux Etats-Unis, le cannabis médical est autorisé.

On a donc véritablement changé de point de vue vis à vis du cannabis : il est aujourd’hui devenu un business légal florissant et très lucratif.

C’est un phénomène en plein essor, qui touche le monde entier. Pour les investisseurs, les opportunités dans le Cannabis commencent à germer.

Les Pays-Bas ont été précurseurs et aujourd’hui son activité économique liée à la marijuana représente plus de 2% du PIB. Selon les chiffres du Médical Majijuana Business Dailly’s Factbook 2013, les ventes du cannabis médical ont rapporté à l’Etat américain plus de 1,5 milliard de dollars et ce chiffre pourrait monter jusqu’à 3 milliards de dollars en 2014 avec la légalisation du cannabis dans les Etats du Colorado et de Washington.

Des multinationales du cannabis ? 

Des grandes entreprises assurant la production et la distribution de Marijuana sont aujourd’hui apparues. Les chefs de ces entreprises n’ont plus grand chose à voir avec le bon vieux dealer d’antan : ce sont de vrais entrepreneurs. Nombre de ces entreprises sont aujourd’hui cotées en bourse (GW Pharma, Marijuana Inc, Medical Marijuana..) et lors de leurs introductions en bourse, elles connaissent généralement un grand succès. Par exemple, lors de l’annonce de la légalisation de la marijuana dans l’Etat de Washington, l’action de l’entreprise Medbox, qui produit des distributeurs de marijuana et qui est cotée à Wall Street, est passée de 3$ à 215$.

La marijuana pour la prospérité ?

La marijuana fait naître tout un secteur économique pour le pays producteur et il y a de très nombreux avantages à sa légalisation. Comme le montre l’exemple des Etats-Unis, c’est aujourd’hui « un jeu gagnant-gagnant » entre l’Etat et les consommateurs.

De plus en plus de personnes militent chaque jour pour une légalisation en Europe, et il est très probable que cela se réalise un jour. On estime aujourd’hui à 200 000 le nombre de consommateurs réguliers de marijuana en France et cela représente un manque considérable à gagner pour l’Etat français. C’est un débat qui est récemment revenu dans l’actualité. En effet, Le Monde titrait en Décembre 2014 « légaliser le cannabis, un bon plan pour les finances de la France ». D’après le think tank terra nova, la légalisation du cannabis pourrait rapporter 2 milliards d’euros par an à l’Etat.

Pour rappel, la fiscalité pèse sur 80% du prix des cigarettes en France, on pourrait estimer un ordre de grandeur similaire pour la marijuana.

C’est donc une chance de renouer un peu avec la croissance.

Après avoir noté les différentes marijuanas lors des très célèbres Cannabis Cup, on notera bientôt les différentes entreprises produisant de la marijuana

C’est pourquoi on peut penser que nos chères agences de notation feront bientôt du business avec la drogue.

Pour rappel, les agences de notation sont des entreprises indépendantes. Leur rôle est d’évaluer le risque de défaut d’un emprunteur. Elles ont un style très particulier pour gagner de l’argent : elles sont rémunérées par les entités qui veulent recevoir une note ou celles qui utilisent les notes qu’elles donnent.

Rappelons-nous qu’un mois avant la crise de 2008, les produits Subprimes étaient encore notés AAA par nos chères agences de notation. Elles n’auront donc aucun état d’âme à faire du busines avec de la drogue.

Il est ainsi très probable que les entreprises produisant de la marijuana aux Etats-Unis seront considérées comme des placements de « bon père de famille ».

Le plus grand sera le nombre de pays légalisant le commerce de la marijuana, le plus vite on verra naître de véritables multinationales dans l’industrie de la marijuana (l’Uruguay a légalisé la marijuana en mai 2014).

C’est alors que pourront être notés « les nouveaux dealers ». Il faut se rendre compte que bientôt on va se mettre à spéculer sur le « shit ».

Une phrase pour finir: « en France on a pas le gaz de schiste, mais on aura le shit ».