Les Français sont souvent décrits comme pessimistes. Les chiffres le confirment : seuls 17% d’entre eux pensent que l’année 2015 sera meilleure que 2014 selon une enquête annuelle BVA-WIN, ce qui en fait le deuxième pays le plus pessimiste du monde derrière l’Italie. Ce trait de caractère contraste avec l’attitude de François Hollande qui vient d’affirmer lors de ses voeux sa conviction, sa détermination et son optimisme inchangés pour une année 2015 réussie. Cet optimisme à toute épreuve est-il une force pour le Président ? Ce volontarisme, qui tranche singulièrement avec la sinistrose ambiante ne menace t-il pas au contraire la crédibilité d’un Président déconnecté des Français ?
En réalité, le Président et le peuple de gauche partagent le même agenda : la réduction du chômage.
Comme vœu prioritaire pour le pays, les Français placent même l’inversion de la courbe du chômage à la première place. Selon un sondage Odoxa pour le Parisien/Aujourd’hui en France, ils sont 59% à y voir un enjeu prioritaire pour la France, devant l’augmentation du pouvoir d’achat (41%) et la baisse du niveau des impôts et des taxes. Dans le détail, les sympathisants de gauche s’avèrent particulièrement sensibles à cette thématique. Ainsi, si le vœu de réduction du chômage est nettement partagé chez les sympathisants de gauche (70%), il est un enjeu beaucoup moins prioritaire chez les sympathisants de droite (50%) et se situe derrière la baisse du niveau d’impôts et des taxes (53%).
Quand François Hollande se veut optimiste pour l’activité économique de 2015, les Français prennent le contrepied : selon le même sondage Odoxa, 77% des Français ne croient pas que 2015 puisse être l’année de la baisse du chômage. Et ce pessimisme, bien que plus ancré à droite qu’à gauche selon l’étude, s’étend sur d’autres domaines : 89% des Français prédisent un faible niveau de croissance économique et 80% d’entre eux pensent qu’il y aura plus d’impôts et de prélèvements en 2015. Au final, ils ne sont que 5% à penser que 2015 sera pour la France une année de prospérité économique.
Les Français ont donc le moral dans les chaussettes. Et pourtant, malgré ce contexte morose, la cote de popularité du Président semble remonter : après avoir presque touché le fond, sa cote remonte à 25% de confiance selon le baromètre Harris Interactive/Délits d’opinion. Certes, cela reste peu, mais notre Président optimiste pourra probablement y entrevoir une once de lumière, qu’il n’avait pas revue depuis bien longtemps dans les sondages d’opinion.
Après le terrifiant attentat qu’a subi Charlie Hebdo mercredi, un des leviers pour la popularité de François Hollande dans les prochains mois sera de jouer pleinement son rôle de président rassembleur. Les citoyens ont été très affectés par les attaques de cette semaine, et c’est un défi pour le président que de les rassurer, notamment sur la montée de l’islamisme radical qui inquiète 89% des Français selon un sondage IFOP/Paris Match (57% de très inquiétés), faisant figure de peur numéro un.
Jean-Baptiste Sintes
@jbsintes