Azami en japonais, c’est la fleur de chardon. « Cette
fleur unique, avec sa forme particulière et sa couleur violette. On n’en offre
pas en cadeau à cause des épines pointues sur ses feuilles. Une fleur d’un
abord difficile. » Une description qui pourrait être celle de Mitsuko, le
premier grand amour de jeunesse que Mitsuo, 36 ans, retrouve par hasard dans un
bar à hôtesses. Mitsuo est marié et amoureux de sa femme Atsuko, mais depuis la
naissance de leur second enfant le couple est « sexless », et pour
satisfaire ses besoins « d’homme normal », ce rédacteur dans une
revue locale fréquente régulièrement des établissements de service sexuels :
« Simple, commode et rapide. Je ne passe à ces endroits qu’une demi-heure
et c’est toujours après mon travail. Je ne cherche pas d’aventures. Je n’ai pas
de conversations intimes avec les entraîneuses qui s’occupent de moi. Pour
elles, je ne suis qu’un client ».
Seulement, avec Mitsuko, les choses sont différentes. Il la
retrouve le soir chez elle, et pendant que le fils unique de cette mère
célibataire dort dans la pièce d’à coté, ils font l’amour comme si leur vie en
dépendait. Mais le jour où Atsuko apprend cette liaison, Mitsuo doit choisir
entre la passion dévorante pour sa maîtresse et la préservation de son couple et
de sa vie de famille…
Née au Japon, Aki Shimazaki vit à Montréal depuis 1991 et
écrit en français. Elle propose ici un texte à la première personne très
intime, tout en délicatesse. Beaucoup de pudeur chez Mitsuo le narrateur, une
certaine froideur d’analyse aussi pour un homme cédant aux passions avec une
retenue typiquement japonaise. Après, il y a des hasards et des coïncidences
difficiles à croire, notamment dans la rencontre des deux amants, mais peu
importe, il se dégage de ce très court roman une finesse et un charme en tout
point séduisants.
Azami d’Aki Shimazaki. Actes Sud, 2015. 130 pages. 13.50
euros.